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Jean 13:1-17 (Annotée Neuchâtel)

   1 Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. 2 Et un souper ayant lieu, le diable ayant déjà jeté dans le coeur de Judas, fils de Simon, l'Iscariot, de le trahir, 3 Jésus, sachant que le Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu, et qu'il s'en allait à Dieu, 4 se lève du souper et pose ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s'en ceignit. 5 Ensuite, il verse de l'eau dans le bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6 Il vient donc à Simon Pierre ; et celui-ci lui dit : Seigneur, toi tu me laves les pieds ! 7 Jésus répondit et lui dit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras dans la suite. 8 Pierre lui dit : Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n'as point de part avec moi. 9 Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. 10 Jésus lui dit : Celui qui s'est baigné n'a plus besoin que de se laver les pieds, mais il est pur tout entier. Et vous, vous êtes purs, mais non pas tous. 11 Car il connaissait celui qui le livrait ; c'est pour cela qu'il dit : Vous n'êtes pas tous purs.
   12 Lors donc qu'il leur eut lavé les pieds, et qu'il eut repris ses vêtements, et qu'il se fût remis à table, il leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? 13 Vous m'appelez : Maître, et : Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. 14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres ; 15 car je vous ai donné un exemple, afin que, vous aussi, vous fassiez comme je vous ai fait. 16 En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. 17 Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les fassiez.

Références croisées

13:1 Jn 6:4, Mt 26:2-5, Mc 14:1-2, Lc 22:1-2, Jn 7:6, Jn 7:30, Jn 8:20, Jn 11:9-10, Jn 12:23, Jn 17:1, Jn 17:11, Jn 18:4, Mt 26:45, Lc 9:51, Lc 13:32-33, Lc 22:53, Jn 13:3, Jn 14:28, Jn 16:5-7, Jn 16:28, Jn 17:5, Jn 17:11, Jn 17:13, Jn 13:34, Jn 15:9-10, Jn 15:13, Jn 15:14, Jn 17:9-10, Jn 17:14, Jn 17:16, Jn 17:26, Jr 31:3, Rm 8:37, Ep 5:25-26, 1Jn 4:19, Ap 1:5, Mt 28:20, 1Co 1:8, He 3:6, He 3:14, He 6:11, 1P 1:13
Réciproques : 1Ch 22:5, Ps 31:15, Pr 8:31, So 3:17, Mt 26:18, Mc 14:41, Mc 16:19, Lc 2:41, Lc 22:15, Jn 2:4, Jn 5:25, Jn 7:33, Jn 18:8, Jn 19:28, Jn 20:17, Ac 1:2, Ac 20:22, Rm 8:35, Ph 1:23, 2Th 2:16, 2P 1:17
13:2 Jn 13:4, Jn 13:26, Jn 13:27, Jn 6:70, Lc 22:3, Lc 22:31, Ac 5:3, Ep 2:3, Esd 7:27, Ne 2:12, 2Co 8:16, Jc 1:13-17, Ap 17:17
Réciproques : 2R 5:20, 2R 5:25, 1Ch 21:1, Ps 55:21, Ps 109:6, Ps 139:3, Ec 7:1, Ez 38:10, Za 11:12, Mt 10:4, Mt 12:44, Mt 24:48, Mt 26:2, Mt 26:14, Mt 27:3, Mc 3:19, Mc 14:10, Mc 14:41, Lc 11:39, Lc 16:10, Jn 12:4, Jn 13:21, Jn 18:3, 2Co 2:11, Ep 2:2, 2Tm 2:26, Ap 2:10
13:3 Jn 3:35, Jn 5:22-27, Jn 17:2, Mt 11:27, Mt 28:18, Lc 10:22, Ac 2:36, 1Co 15:27, Ep 1:21-22, Ph 2:9-11, He 1:2, He 2:8-9, Jn 13:1, Jn 1:18, Jn 3:13, Jn 7:29, Jn 7:33, Jn 8:42, Jn 16:27-28, Jn 17:5-8, Jn 17:11-13
Réciproques : 1S 25:41, Ct 8:1, Mt 4:9, Jn 6:33, Jn 8:14, Jn 14:4, Jn 16:5, Jn 16:15, Jn 16:16, Jn 17:13, Jn 20:17, Ac 1:2, 1Co 15:24, Ph 2:7, 1Tm 3:16, He 12:2
13:4 Lc 12:37, Lc 17:7, Lc 22:27, 2Co 8:9, Ph 2:6-8
Réciproques : Gn 24:32, Gn 43:24, Jg 19:21, 2R 3:11, Mt 20:28, Lc 7:38, Jn 13:2
13:5 Jn 19:34, 2R 3:11, Ez 36:25, Za 13:1, Ep 5:26, 1Jn 5:6, Jn 13:8, Ex 29:4, Lv 14:8, 2R 5:10-13, Ps 51:2, Es 1:16, Ac 22:16, 1Co 6:11, Tt 3:3-5, He 10:22, 1Jn 1:7, Ap 1:5, Ap 7:14, Jn 13:10, Jn 13:12-14, Gn 18:4, Gn 19:2, 1S 25:41, Lc 7:38, Lc 7:44, 1Tm 5:10
Réciproques : Jg 19:21, Lc 1:43, Lc 12:37, Lc 22:27
13:6 Jn 1:27, Mt 3:11-14, Lc 5:8
Réciproques : Gn 19:18, Ex 18:17, 2S 6:20, Jr 13:2, Mt 3:14, Mt 8:8, Mt 16:22, Mc 8:32, Jn 13:8
13:7 Jn 13:10-12, Jn 12:16, Jn 14:26, Jr 32:24-25, Jr 32:43, Dn 12:8, Dn 12:12, Ha 2:1-3, Jc 5:7-11
Réciproques : Gn 37:33, Ps 18:9, Ps 89:39, Es 45:15, Jr 13:2, Mt 3:15, Jn 13:12
13:8 Gn 42:38, Mt 16:22, Mt 21:29, Mt 26:33, Mt 26:35, Col 2:18, Col 2:23, Jn 13:6, Jn 3:5, Es 4:4, Ez 16:4-9, Ez 36:25, Za 13:1, Ac 22:16, 1Co 6:11, Ep 5:26, Tt 3:5, He 9:22-23, He 10:4-10, He 10:22, Ap 1:5, Ap 7:14
Réciproques : Ex 29:4, Ex 30:19, Lv 8:6, Lv 11:25, Lv 13:6, Lv 17:16, 2R 5:13, Ps 108:9, Ez 16:9, Mt 10:36, Jn 6:53, Jn 13:5, Jn 19:34
13:9 Ps 26:6, Ps 51:2, Ps 51:7, Jr 4:14, Mt 27:24, He 10:22, 1P 3:21
13:10 Lv 16:26, Lv 16:28, Lv 17:15-16, Nb 19:7-8, Nb 19:12, Nb 19:13, Nb 19:19-21, He 9:10, Ec 7:20, Mt 6:12, Rm 7:20-23, 2Co 7:1, Ep 4:22-24, Ep 5:26-27, 1Th 5:23, Jc 3:2, 1Jn 1:7-10, Ct 4:7, Jr 50:20, 2Co 5:17, 2Co 5:21, Jn 15:3
Réciproques : Gn 35:2, Ex 38:8, Ex 40:31, Pr 29:1, Jn 6:64, Jn 13:5, Jn 13:7, 1Co 6:11
13:11 Jn 13:18, Jn 13:21, Jn 13:26, Jn 2:25, Jn 6:64-71, Jn 17:12, Mt 26:24-25
Réciproques : Gn 35:2, Pr 29:1
13:12 Jn 13:7, Ez 24:19, Ez 24:24, Mt 13:51, Mc 4:13
Réciproques : Mt 20:25, Jn 13:5, Ac 10:17
13:13 Jn 11:28, Mt 7:21-22, Mt 23:8-10, Lc 6:46, Rm 14:8-9, 1Co 8:6, 1Co 12:3, Ph 2:11, Ph 3:8, 2P 1:14-16, Jr 1:12, Lc 7:43, Lc 10:28, Jc 2:19
Réciproques : 2R 3:11, Es 55:4, Ml 1:6, Mc 10:43, Mc 14:14, Mc 14:45, Lc 1:43, Lc 7:40, Lc 18:18, Jn 8:48, Jn 20:16, Ep 6:9, 1Th 1:6
13:14 Mt 20:26-28, Mc 10:43-45, Lc 22:26-27, 2Co 8:9, Ph 2:5-8, He 5:8-9, He 12:2, Ac 20:35, Rm 12:10, Rm 12:16, Rm 15:1-3, 1Co 8:13, 1Co 9:19-22, 2Co 10:1, Ga 5:13, Ga 6:1-2, Ph 2:2-5, 1P 4:1, 1P 5:5
Réciproques : Jg 19:21, 2S 11:11, 2R 3:11, Ps 85:13, Ps 108:9, Mt 23:8, Mt 23:11, Mc 10:45, Mc 14:45, Rm 1:1, 2Co 4:5
13:15 Mt 11:29, Rm 15:5, Ep 5:2, 1P 2:21, 1P 3:17-18, 1Jn 2:6
Réciproques : Jg 19:21, Mt 3:15, Mt 23:11, Lc 10:37, Jn 10:4, 1Co 9:19, 2Co 4:5, Ga 5:13, Ga 6:2, Ph 2:5, 2Th 3:9
13:16 Jn 3:3, Jn 3:5, Jn 15:20, Mt 10:24-25, Lc 6:40
Réciproques : 1S 8:7, Mt 5:18, Jn 1:51, Jn 12:26, Jn 14:28, Jn 15:15
13:17 Jn 15:14, Gn 6:22, Ex 40:16, Ps 19:11, Ps 119:1-5, Ez 36:27, Mt 7:24-25, Mt 12:50, Mt 22:38-41, Lc 12:47-48, 2Co 5:14-15, Ga 5:6, He 11:7-8, Jc 1:25, Jc 2:20-24, Jc 4:17, Ap 22:14
Réciproques : Gn 7:5, Ex 12:50, Lv 20:8, Dt 11:27, Js 1:8, 1R 13:9, 1Ch 14:16, Esd 7:10, Ps 1:1, Ps 15:5, Ps 106:3, Ps 111:10, Ps 119:48, Pr 29:18, Es 56:2, Jr 6:16, Jr 11:6, Ez 18:11, Ez 43:11, Dn 5:22, Mt 11:29, Lc 6:47, Lc 8:21, Lc 11:28, Rm 2:18, Ph 4:9, He 10:26, Jc 1:22

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Jean 13
  • 13.1 Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. Troisième partie. Ch. 13 - 17
    Le Fils de Dieu et les siens.
    Jésus lave les pieds des disciples et éloigne Judas.
    Chapitre 13.
    1 à 20 Le lavement des pieds.
    Les mots : avant la fête de Pâque ne renferment qu'une indication vague de la date du dernier souper (verset 2) que Jésus fit avec ses disciples, et par conséquent de sa mort, qui eut lieu le lendemain.
    Comme nous abordons, avec le Jean 13, le récit de la Passion du Sauveur, c'est ici le lieu de donner une vue d'ensemble de cette question chronologique, l'une des plus obscures que soulève l'histoire évangélique. La tradition unanime désigne le vendredi comme le jour où Jésus mourut.
    L'incertitude commence quand il s'agit de déterminer les relations de cet événement avec la Pâque juive et de fixer le jour du mois où il eut lieu.
    Les uns, se fondant sur les données, à leurs yeux inattaquables, des synoptiques, disent que Jésus prit le dernier repas avec ses disciples le soir du 14 Nisan, à l'heure où tous les Juifs mangeaient l'agneau pascal, et qu'il mourut sur la croix le 15 Nisan le grand jour de la fête de Pâque.
    Les autres, s'appuyant sur des indications du quatrième évangile qui ne leur paraissent pas susceptibles d'être détournées de leur sens premier et naturel, estiment que le dernier repas eut lieu le soir du 13 Nisan et que Jésus est mort le 14.
    La discussion remonte aux premiers siècles. Elle fut compliquée, dès l'origine, par une polémique d'ordre liturgique entre les Eglises d'Occident et celles d'Asie Mineure, connue sous le nom de dispute pascale. (Voir introduction, p. 39.) Nous ne reviendrons pas sur cette dispute, car, de l'avis même des défenseurs de la chronologie des synoptiques, elle ne fournit pas d'argument péremptoire pour décider à quelle date Jean s'est arrêté dans son évangile.
    Ce débat divise les savants les plus compétents. Olshausen, Tholuck, Wieseler, Ebrard, Hengstenberg, Riggenbach, Lange, MM. Luthardt, Keil, Zahn se prononcent pour le 14-15 Nisan, et estiment généralement pouvoir accorder avec cette date les données du quatrième évangile.
    La date du 13-l4 Nisan est adoptée par de Wette, Lücke, Bleek, Néander, Meyer, MM. Weiss, Beyschlag, Godet, Chastand.
    1° En faveur de la date du 14-15 Nisan, on invoque les passages suivants : Matthieu 26.17 "Le premier jour des pains sans levain (14 Nisan), les disciples s'approchèrent de Jésus, en disant : Ou veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque ?"
    - Marc 14.12 "Et le premier jour des pains sans levain, quand on immolait la Pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ?"
    - Luc 22.7 "Or, le jour des pains sans levain arriva, dans lequel devait être immolée la Pâque."
    Il ne peut y avoir aucune hésitation sur la date, clairement indiquée par ces passages. Or les données des synoptiques ont une valeur très grande à cause des rapports du premier évangile avec l'apôtre dont il porte le nom, et de Marc avec l'apôtre Pierre. Du reste, les indications fournies par les trois premiers évangélistes ne sont pas des opinions individuelles : elles représentent la croyance de l'Eglise entière jusque vers l'an 80. Elles ont de plus pour elles leur vraisemblance.
    Le dernier repas que Jésus prit avec ses disciples fut le repas pascal des Juifs. Cela ressort du récit des préparatifs dans les synoptiques et d'une parole telle que celle-ci : "J'ai ardemment désiré de manger cette Pâque avec vous avant que je souffre." (Luc 22.15)
    Or Jésus ne pouvait prendre le repas pascal qu'à l'heure où tout Israël le prenait, le soir du 14 Nisan (commencement du 15). Les ordonnances de la loi étaient formelles. (Exode 12.6 et suivants, Lévitique 23.5,6 ; Nombres 28.16-18,Deutéronome 16.2,3)
    L'agneau pascal devait être immolé dans le temple, et l'on ne procédait pas à ce sacrifice avant le jour fixé.
    Admettant pour ces raisons, que Jésus a mangé la Pâque le 14 Nisan et est mort le 15, les interprètes et les historiens qui reconnaissent l'authenticité du quatrième évangile ou du moins attribuent quelque valeur à ses données historiques, sont obligés d'accuser l'évangéliste d'une erreur, imputable à "une préoccupation dogmatique : il fait mettre Jésus en croix le 14 Nisan, à l'heure même où l'on immolait l'agneau pascal, parce qu'il voit un rapprochement à faire entre les deux actes." (Stapfer.)
    Ou bien, pour maintenir l'exactitude de ses données chronologiques, ils doivent chercher à les interpréter de telle sorte qu'elles fixent, aussi bien que celles des synoptiques, le dernier repas de Jésus au 14 Nisan.
    2° Ceci nous amène à faire un rapide examen des passages de notre évangile, desquels on peut déduire la date que Jean assignait au dernier souper. Jean 12.1 "Six jours avant la Pâque Jésus arriva à Béthanie."
    Cette arrivée ne put avoir lieu le samedi, car Jésus n'aurait pas fait un jour de sabbat le voyage de Jéricho à Béthanie. Elle doit être fixée au vendredi soir. Or, en comptant six jours depuis ce vendredi, Jean place au jeudi le commencement de la Pâque ; ce jeudi était donc, pour lui comme pour les premiers évangélistes, le 14 Nisan.
    Voici le défaut de ce raisonnement : rien ne démontre que Jean ait compté le vendredi comme le premier des six Jours qu'il indique. Le contraire est aussi probable, car Jésus arrive sans doute vers le soir à Béthanie, et le sabbat commençait pour les Juifs le vendredi au coucher du soleil. Le passage invoqué ne tranche la question ni dans un sens ni dans l'autre.
    - verset 1. Avant la fête de Pâque...Est-il naturel que Jean désigne ainsi la soirée du 14-15 Nisan, le moment du repas pascal, principal acte de la fête !
    C'est en vain que l'on cite Nombres 28.16 et suivants, Lévitique 23.5 et suivants ; où la fête des pains sans levain semble ne commencer que le lendemain 16 Nisan. Dans ces passages mêmes, le 14 est appelé la Pâque, et d'ailleurs on mangeait des pains sans levain au repas pascal. Exode 12.8 ; Josué 5.10,11 et Matthieu 26.17 (voir la note) mettent hors de doute que la fête de Pâque commençait pour les Juifs avec la soirée du l4 Nisan.
    - verset 29. Judas n'aurait pu "acheter ce dont on avait besoin pour la fête" dans cette soirée du 14, où toutes les familles étaient assemblées dans leurs demeures autour de l'agneau pascal. Les partisans du 14 Nisan répondent que, si nous étions au 13 Nisan, toute la journée du lendemain resterait pour ces emplettes et l'idée ne viendrait pas aux disciples que Jésus pût envoyer Judas les faire sur l'heure même.
    - Jean 18.28 "Ils n'entrèrent point eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souiller et de pouvoir manger la Pâque." Ce passage est décisif aux yeux de la plupart des interprètes. Les Juifs n'avaient pas encore mangé l'agneau pascal ; ils s'apprêtaient à le manger le soir de ce jour. Ce jour était donc, d'après notre évangile, le 14 Nisan. Ceux qui le contestent sont obligés de donner à l'expression "manger la Pâque," le sens indéterminé de célébrer la fête de Pâque. Cette interprétation est peu probable, malgré les arguments spécieux dont on essaie de l'appuyer.
    - Jean 19.14,31 "C'était la préparation de la Pâque, ce jour de sabbat était un grand jour." Le terme de "préparation," n'est pas seulement la désignation usuelle du vendredi veille du sabbat, (Marc 15.42) puisque l'évangéliste ajoute expressément "de la Pâque ;" de plus, si le sabbat du lendemain était "un grand jour," c'est qu'il coïncidait cette année-là avec le premier jour des pains sans levain, 15 Nisan.

  • L'interprétation naturelle de tous ces passages de notre évangile nous oblige donc à admettre que, d'après lui, Jésus a pris son dernier repas avec ses disciples le soir du 13 Nisan et est mort le 14 Nisan. Cette donnée constitue-t-elle une erreur ? Nullement. Elle nous paraît beaucoup plus vraisemblable que celle des synoptiques. La nuit du 14 au 15 Nisan avait tous les caractères d'un sabbat solennel. (Exode 12.16) Le Talmud confirme cette indication de la loi et mentionne parmi les actes défendus le port des armes, les séances de tribunal, le prononcé d'une sentence et les exécutions.
    D'après Exode 12.22 ; Deutéronome 16.5-7, on ne pouvait quitter sa demeure ni, en tous cas, sortir de la ville pendant la nuit du repas pascal. Or Judas ne doute pas que Jésus ne se rende cette nuitlà, selon sa coutume, en Gethsémané ; la troupe qu'il y conduit est composée de serviteurs du sanhédrin qu'accompagnent même les sacrificateurs et des pharisiens, le sanhédrin s'assemble, délibère et prononce un jugement, peu avant le crucifiement, Simon de Cyrène revient des champs, où il avait travaillé, selon toute probabilité, Jésus est crucifié, il est vrai, par des soldats romains, mais les chefs juifs font toutes sortes de démarches peu compatibles avec la célébration de la fête.
    Si nous étions le premier et grand jour de la fête de Pâque, leur conduite formerait un contraste étrange avec les scrupules du roi Hérode Agrippa, qui n'ose juger et exécuter Pierre pendant la fête. (Actes 12.3,4) Eux, qui firent si souvent à Jésus un crime de violer le sabbat, auraient ainsi oublié toutes les prescriptions de la loi qui assimilait le grand jour de Pâque à un sabbat. Le fanatisme ne peut expliquer une telle attitude ; ils n'en sont du reste pas tellement dominés, puisqu'ils évitent d'entrer dans le prétoire, (Jean 18.28) réserve qui n'était pas de nature à disposer Pilate en leur faveur.
    Ajoutons enfin qu'après la mort de Jésus, Joseph d'Arimathée achète un linceul, (Marc 15.46) et que les femmes renoncent à embaumer Jésus, parce que le sabbat approche. (Luc 23.56)
    Tous ces faits semblent prouver que le jour de la mort de Jésus n'était pas un jour de fête. Or la plupart d'entre eux sont rapportés par le récit des synoptiques ; ceux-ci contredisent ainsi la date qu'ils assignent euxmêmes aux événements.
    L'erreur qu'ils ont commise, sans en avoir conscience, s'explique par le fait que dans ce dernier souper avec ses disciples Jésus avait tenu à manger avec eux la Pâque (Luc 22.15) et qu'il s'était conformé au rituel de la cérémonie juive.
    La tradition admit pour cette raison que le repas avait eu lieu au jour fixé par la loi. Elle perdit de vue que Jésus avait anticipé la célébration de la Pâque, circonstance secondaire dont le souvenir put fort bien s'effacer.
    Que des narrations nées spontanément des besoins de la prédication et dont l'exactitude chronologique était le moindre souci, aient commis une erreur d'un jour en plaçant au 14 et au 15 Nisan des événements qui s'étaient accomplis le 13, et le 14, cela n'est nullement inadmissible.
    Nos deux premiers évangiles n'ont-ils pas placé le repas de Béthanie "deux jours" avant la Pâque ? (Marc 14.1-9 ; Matthieu 26.6, note.) Si leurs rédacteurs et leurs premiers lecteurs ne se sont pas fait les objections que nous avons exposées ci-dessus, c'est qu'ils attribuaient au fanatisme ces violations de la loi commises par les autorités sacerdotales et y voyaient une aggravation du crime dont elles s'étaient rendues coupables en tuant le Messie.
    L'erreur de Jean, au contraire, ne saurait être expliquée. Un défaut de mémoire est inadmissible de la part du disciple qui avait suivi les événements avec un calme courage et qui en demeure le principal témoin. Et l'on ne saurait sans injustice l'accuser d'avoir volontairement antidaté la mort de Jésus pour obéir à des préoccupations dogmatiques. Lui seul, au contraire, avait l'autorité nécessaire pour corriger la tradition qui s'était établie. S'il ne la rectifie pas en termes plus exprès, c'est qu'une telle rectification ne s'accordait pas avec le caractère de sa narration. Il lui suffisait, par les détails de celle-ci, de replacer les faits à leur vraie date.
    Objectera-t-on à cette date que Jésus ne pouvait se séparer de son peuple et déroger à la coutume établie par la loi en célébrant le repas pascal la veille du jour fixé ? Mais celui qui se proclamait "le Seigneur du sabbat" ne pouvait-il se permettre cette légère infraction au rituel pascal, au moment surtout où il allait lui substituer un rite nouveau ? Il était du reste excommunié ainsi que ses disciples, les sacrificateurs auraient refusé d'immoler pour lui un agneau dans le temple. Il était obligé de célébrer cette Pâque d'une manière indépendante : c'est ce qui le conduisit à l'anticiper.
    Cette anticipation n'est elle pas indiquée dans le message qu'il envoie au propriétaire de la chambre haute ? "Mon temps est proche ; que je fasse la Pâque chez toi avec mes disciples." (Matthieu 26.18)
    Comme le remarque M. Godet, "la seule relation satisfaisante à établir entre ces deux propositions est celle-ci : il faut que je me hâte, car demain ce sera trop tard ; je ne serai plus là, fais donc en sorte que je puisse manger immédiatement la Pâque chez toi (verbe au présent)."
    Le disciple bien-aimé nous fait lire dans le cœur de son Maître, il peint en quatre traits les circonstances extérieures et intérieures au milieu desquelles Jésus s'abaissa jusqu'à laver les pieds de ses disciples. Premier trait : Jésus allait accomplir cet acte sachant que son heure était venue, cette heure solennelle, suprême, dont notre évangile parle si Souvent. (Jean 7.30 ; 8.20 ; 12.23) Jésus savait que cette heure était celle de ses souffrances et de sa mort ; mais il savait aussi que ce sombre défilé le faisait passer de ce monde au Père. Second trait : cette pensée si douce de quitter ce monde agité et hostile pour rentrer dans le sein de l'amour éternel, était inséparable d'une autre pensée, celle qu'il allait quitter les siens ses chers disciples, qu'il avait toujours aimés, auxquels il avait donné tant de preuves de cet amour. Or, sachant qu'il les laissait dans le monde où ils étaient, exposés à tant de dangers et de souffrances, il les aima jusqu'à la fin, (Marc 13.13) ou mieux : au plus haut degré (Weiss). M. Godet traduit : "Il acheva de leur témoigner tout son amour." Et il va leur en donner le témoignage le plus émouvant. Chaque disciple de Jésus peut aussi recueillir dans son cœur cette parole comme une précieuse promesse que son Sauveur l'aimera jusqu'à la fin.
  • 13.2 Et un souper ayant lieu, le diable ayant déjà jeté dans le cœur de Judas, fils de Simon, l'Iscariot, de le trahir, Non pas après le souper comme traduisent à tort nos versions ordinaires : mais, grec un souper étant venu, au moment où l'on venait de se mettre à table. (verset 4 et 12.)
    Même la leçon reçue, qui porte le participe aoriste, ne signifie pas : un repas ayant eu lieu mais : étant arrivé et en cours d'exécution (Weiss).
    Il est probable qu'il faut lire le participe présent, selon le texte de Sin., B, adopté par la plupart des critiques.
    De l'absence d'article devant souper plusieurs interprètes concluent que l'auteur ne considère pas ce souper comme le repas pascal. Cette conclusion ne nous paraît pas justifiée, car dans le grec du Nouveau Testament l'article manque souvent là où les écrivains classiques l'auraient mis, et l'auteur de notre évangile a composé son récit pour des lecteurs qui savaient par les synoptiques que Jésus avait mangé la Pâque avec ses disciples la veille de sa mort ; ces lecteurs ne pouvaient penser à un autre repas que ce repas pascal qui leur était bien connu.
    Troisième trait de cette introduction profonde par laquelle Jean prépare ses lecteurs à l'action qui va suivre : le diable avait déjà fait son œuvre dans le cœur de Judas.
    Mais quel est le but de cette remarque ?
    Suivant les uns, elle doit marquer l'imminence de la catastrophe, en montrant que déjà le traître, sous l'inspiration du démon, avait conçu son noir dessein, (comparez Matthieu 26.14-16) et que Jésus, qui ne l'ignorait pas, voulut saisir ce moment suprême pour témoigner aux siens son amour.
    D'autres pensent que l'évangéliste signale ce fait pour mieux faire ressortir le support et la charité de Jésus qui allait laver les pieds de Judas lui-même. M. Godet estime que ce trait doit "motiver les différentes allusions que Jésus va faire à la présence du traître dans tout le cours de la scène suivante, (comparez versets 10,18,21,26) et surtout expliquer la conduite et le mot sévère de Jésus, verset 27"
    Ces allusions elles-mêmes n'avaient d'autre but que d'avertir le malheureux disciple, de réveiller sa conscience, de le sauver encore si possible.
    - Une variante de Sin., B, Itala, admise par la plupart des critiques et des exégètes porte : "Le diable ayant déjà jeté dans le cœur que Judas, fils de Simon, l'Iscariot le livrât." Le cœur de qui ? pas du diable lui-même, comme le prétendait Meyer, mais de Judas Iscariot dont le nom abhorré a été relégué à là fin de la phrase pour porter l'accent.
  • 13.3 Jésus, sachant que le Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu, et qu'il s'en allait à Dieu, Ce quatrième trait de l'introduction nous montre que Jésus va agir dans la pleine conscience de son éternelle divinité.
    Ce sentiment est rendu ici par trois déclarations d'une sublime grandeur.
    La première exprime l'autorité et la puissance divines : il sait que le Père lui a remis (grec donné) toutes choses entre les mains. (Comparer Matthieu 28.18)
    La seconde nous révèle sa préexistence éternelle : il est (grec) sorti de la part de Dieu. (Comparer Jean 8.42)
    La troisième nous montre en Jésus le pressentiment de la gloire divine dont il va reprendre possession : il va à Dieu. (Verbe au présent ; comparez Jean 17.5)
    Et c'est avec cette conscience de sa grandeur divine que Jésus va condescendre à faire l'œuvre d'un esclave !
  • 13.5 Ensuite, il verse de l'eau dans le bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Quel contraste entre les pensées du verset 3 et cette scène du verset 4.
    Avec quelle émotion Jean la décrit jusque dans ses moindres détails ! Il la rend vivante et tout à fait actuelle par ces verbes au présent : il se lève, pose ses vêtements (vêtements de dessus, le manteau, qui l'aurait gêné dans son action, et il ne garde que la tunique, costume des esclaves), puis il verse de l'eau dans le bassin, celui qui se trouvait là et servait à cet usage.
    Même cette expression il se mit, que Jean n'emploie presque jamais, a quelque chose de solennel. Quel étonnement et quelle confusion pour les disciples ! On le comprendra d'autant mieux si l'on admet, avec la plupart des interprètes anciens et modernes, que cette action de Jésus fut provoquée par une discussion qui venait de s'élever entre les disciples sur cette question : "Lequel d'entre eux était estimé le plus grand." (Luc 22.24, note.)
    Elle était donc littéralement vraie, la parole que Jésus leur adresse alors : "Moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert." (Luc 22.27)
    Pour comprendre cette scène, assez étrangère à nos mœurs, il faut se souvenir que chez les orientaux, ou l'on se chaussait de sandales qui laissaient le pied nu, il était d'usage de procéder à l'ablution quand on entrait dans une maison, surtout quand on allait y prendre un repas. Mais c'était un esclave que l'on chargeait de cet office.
  • 13.6 Il vient donc à Simon Pierre ; et celui-ci lui dit : Seigneur, toi tu me laves les pieds ! Pierre, dont l'âme ardente est pleine de vénération et d'amour pour le Sauveur, a compris la leçon qu'il veut donner à ses disciples ; il a honte et il exprime son sentiment en relevant le contraste criant par ces deux mots : Toi, à moi ! Et le titre de Seigneur, que Jésus va approuver et réclamer, (verset 13) rend le contraste encore plus complet.
    - Il est dit d'abord : il commença, puis : il vient donc à Simon Pierre ; ce disciple ne fut donc pas le premier auquel Jésus lava les pieds.
    Les mots et celui-ci manquent dans quelques manuscrits.
  • 13.7 Jésus répondit et lui dit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras dans la suite. Grec : tu le connaîtras après ces choses, ou après ceci.
    Quelques interprètes ont supposé que Jésus désignait par là le moment ou Pierre serait éclairé par l'Esprit de Dieu. Mais il est plus simple de rapporter ces mots à l'explication que Jésus allait donner à ses disciples. (verset 12 et suivants)
    - Cette parole est d'une application universelle à toutes les voies du Seigneur que nous ne comprenons pas au moment même.
  • 13.8 Pierre lui dit : Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n'as point de part avec moi. Jamais, grec en éternité.
    Il y a dans ce refus absolu de Pierre une véhémence bien en harmonie avec son caractère. Pierre montre sa vénération et son amour pour le Maître ; mais il oublie que le premier devoir d'un disciple c'est l'obéissance. Sa présomption lui cache son ignorance (tu ne sais pas), et l'empêche de recevoir avec confiance la promesse de Jésus (tu comprendras dans la suite).
    La réponse de Jésus à la première objection de son disciple était pleine de douceur et de bonté. Sur son refus réitéré il lui parle d'un ton sévère. Sa menace dut produire d'autant plus d'effet que Pierre s'était montré, récemment encore, (Matthieu 19.27) préoccupé des avantages que lui procurerait son dévouement à Jésus.
    Mais que signifient les paroles de Jésus ! Il est évident qu'ici, et au verset 10, Jésus donne à son action une signification nouvelle. Elle n'est plus seulement un "exemple" (verset 15) d'humble dévouement au service d'autrui. Elle devient le symbole de la régénération, qui est la condition du Salut. (Comp,. verset 10, note.)
    En effet, avoir part avec lui, c'est trouver dans sa communion le pardon des péchés, la réconciliation avec Dieu, la vie éternelle ; n'avoir point de part avec lui, c'est être privé de ces immenses bienfaits. (Luc 12.46 ; Apocalypse 20.6 ; 21.8 ; 22.19)
    Or il est clair que Jésus ne pouvait pas faire dépendre cette alternative du simple fait de laver, ou de ne laver pas, les pieds de son disciple. Il faut remarquer d'ailleurs que Jésus lui dit : "si je ne te lave," ce qui est tout différent de laver les pieds.
    Ces paroles signifient donc : Si je ne te purifie de ta volonté propre, de tes péchés, de ta corruption naturelle, tu n'as point de part avec moi. "Jésus aime à s'élever ainsi d'un objet actuel, extérieur, a une pensée plus haute et plus intime. Comme dans son entretien avec la Samaritaine l'eau est pour lui l'image de l'Esprit, de même ici son action, qui devait être avant tout pour les disciples un exemple d'humilité, devient l'image de la purification spirituelle qu'il opère et qui est la condition du salut. C'est là ce qu'il rappelle à Pierre." Luthardt.
  • 13.9 Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. Pierre a-t-il compris la pensée profonde de son Maître ? Dans ce cas, sa réponse signifie : "Seigneur, ne me lave pas seulement les pieds, mais purifie-moi dans tout mon être !" C'est ainsi que quelques interprètes (Tholuck, Luthardt) comprennent le disciple.
    D'autres pensent au contraire que Pierre sans se donner le temps de réfléchir, (Marc 9.5,6) mais saisi, effrayé à la pensée d'être exclu de 1a communion de son Sauveur, se livre à lui avec l'impétuosité de son caractère et dépasse le but, parce qu'il conserve encore sa volonté propre, tout en obéissant.
    C'est ainsi que Olshausen, Meyer, Astié interprètent la pensée de ce disciple. Il est, en effet, difficile de croire que Pierre se soit élevé d'emblée à l'idée d'un renouvellement spirituel.
  • 13.10 Jésus lui dit : Celui qui s'est baigné n'a plus besoin que de se laver les pieds, mais il est pur tout entier. Et vous, vous êtes purs, mais non pas tous. Var. du Sin. : n'a pas besoin de se laver, il est pur tout entier.
    - Jésus ne désapprouve pas le zèle de son disciple ; il rectifie avec douceur l'erreur dans laquelle il était, et il profite de cette erreur même pour ajouter à la leçon qu'il voulait d'abord donner aux siens, (verset 8, 2e note) un enseignement nouveau.
    Laver les pieds était un acte par lequel le Sauveur s'humiliait. Laver aussi les mains et la tête, l'être tout entier, donnait à l'acte un autre caractère.
    L'image dont il se sert est celle-ci : un homme qui s'est baigné entièrement lavé, n'a plus besoin, en rentrant chez lui, que de laver ses pieds pour les purifier de la poussière qui s'y est attachée pendant le trajet. (verset 5, note.)
    De cette image le Sauveur tire une instruction encourageante pour ses disciples : quand un homme a été purifié par le pardon de ses péchés et par le renouvellement de sa nature morale, il n'a plus besoin que d'être lavé des inévitables souillures qu'il peut contracter en marchant dans ce monde corrompu ; alors il est pur tout entier, et il n'a pas à remettre sans cesse en question son état de grâce et de salut.
    Pour donner à cette vérité plus de force et de précision, il l'applique immédiatement à ses disciples : et vous, vous êtes purs ; et il leur dira bientôt comment ils le sont devenus. (Jean 15.3) Mais, hélas ! ils ne l'étaient pas tous ; et l'évangéliste, dans le verset suivant, nous apprend la raison de cette restriction.
    On peut remarquer encore, avec Meyer, que si, jusqu'ici, Pierre n'avait pas compris le sens le plus profond de l'action de son Maître, il dut le saisir par cette application directe que Jésus en faisait à ses disciples. Et cependant, il reste encore à celui-ci à en tirer pour eux la leçon de charité qu'il pensait leur donner dès le début. (verset 12 et suivants)
  • 13.15 car je vous ai donné un exemple, afin que, vous aussi, vous fassiez comme je vous ai fait. Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? en avez-vous saisi la signification profonde ?
    C'est par cette question que Jésus introduit l'instruction qu'il veut donner à ses disciples. Ceux-ci l'appelaient ordinairement Rabbi, Maître, celui qui enseigne, et Jésus réclamait ce titre pour lui seul, dans son acception la plus élevée. (Matthieu 23.8)
    Ils l'appelaient encore le Seigneur, nom qui devait prendre pour eux un sens de plus en plus religieux, car c'est par ce vocable que la version grecque des Septante traduit constamment le nom de Jéhovah.
    Jésus approuve et ajoute : Si donc, moi, le Seigneur et le Maître, je me suis abaissé jusqu'à vous laver les pieds, à plus forte raison devez-vous aussi être prêts à vous rendre mutuellement les services les plus humbles du dévouement et de l'amour.
    Comme Jésus fut, dans toute sa vie, le modèle accompli que les siens doivent imiter, il venait de leur donner, dans ce cas particulier, un exemple d'humilité profonde et d'amour sans bornes, qui restait comme l'idéal vers lequel ils devaient tendre. Ici encore, Jésus enseigne en action ce qu'il avait enseigné en paroles. (Luc 22.26 ; Matthieu 20.26)
    - Nous avons donné un sens tout moral à cet ordre : Vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres, et c'est bien là sa signification principale ; mais nous nous garderons d'exclure le sens littéral, dans les cas où un tel devoir s'impose.
    L'apôtre Paul vante l'ablution des pieds comme une des pratiques de l'hospitalité chez les premiers chrétiens. (1Timothée 5.10)
    Toutefois Jésus n'a pas voulu instituer un rite, comme l'Eglise l'a admis dès le quatrième siècle, accomplir littéralement ce devoir sans l'humilité et l'amour qu'il suppose, est une vaine formalité ou même un acte d'hypocrisie et d'orgueil. Cette cérémonie se pratique chaque année à Rome et ailleurs.
  • 13.16 En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. Donc, vous, serviteurs et apôtres, vous ne devez pas vous refuser à des actes d'humilité et d'amour que votre Seigneur et Maître vient d'accomplir.
    Jésus aimait cette comparaison qu'il emploie souvent ailleurs, dans des applications diverses. (Jean 15.20,Matthieu 10.24,25 ; Luc 6.40)
  • 13.17 Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les fassiez. Entre savoir et, faire, il y a un abîme ; le premier à lui seul, rend coupable, le dernier rend heureux, car il donne au disciple un trait précieux de ressemblance avec le Maître : l'humilité et l'amour.
    - On voit que Jésus en exhortant les disciples à imiter son exemple passe sous silence le sens particulier que la résistance de Pierre l'avait amené à donner à son action (versets 8-10, notes.)
    La raison en est bien simple, c'est que, lui seul, au moyen de son sang et de son Esprit, peut purifier le pécheur de ses souillures. Nous ne pouvons avoir à cette œuvre qu'une part très indirecte pour d'autres en les amenant à Jésus. Dans ce sens, l'exemple nous concerne aussi.