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Comparer Lamentations 1-26

La versification des traductions pouvant varier, l'alignement ne correspond parfois pas à la même phrase.

Lm 1-26 (Segond 1910)

   1 Eh quoi ! elle est assise solitaire, cette ville si peuplée ! Elle est semblable à une veuve ! Grande entre les nations, souveraine parmi les états, Elle est réduite à la servitude ! 2 Elle pleure durant la nuit, et ses joues sont couvertes de larmes ; De tous ceux qui l'aimaient nul ne la console ; Tous ses amis lui sont devenus infidèles, Ils sont devenus ses ennemis. 3 Juda est en exil, victime de l'oppression et d'une grande servitude ; Il habite au milieu des nations, Et il n'y trouve point de repos ; Tous ses persécuteurs l'ont surpris dans l'angoisse. 4 Les chemins de Sion sont dans le deuil, car on ne va plus aux fêtes ; Toutes ses portes sont désertes, Ses sacrificateurs gémissent, Ses vierges sont affligées, et elle est remplie d'amertume. 5 Ses oppresseurs triomphent, ses ennemis sont en paix ; Car l'Éternel l'a humiliée, A cause de la multitude de ses péchés ; Ses enfants ont marché captifs devant l'oppresseur. 6 La fille de Sion a perdu toute sa gloire ; Ses chefs sont comme des cerfs Qui ne trouvent point de pâture, Et qui fuient sans force devant celui qui les chasse. 7 Aux jours de sa détresse et de sa misère, Jérusalem s'est souvenue De tous les biens dès longtemps son partage, Quand son peuple est tombé sans secours sous la main de l'oppresseur ; Ses ennemis l'ont vue, et ils ont ri de sa chute. 8 Jérusalem a multiplié ses péchés, C'est pourquoi elle est un objet d'aversion ; Tous ceux qui l'honoraient la méprisent, en voyant sa nudité ; Elle-même soupire, et détourne la face. 9 La souillure était dans les pans de sa robe, et elle ne songeait pas à sa fin ; Elle est tombée d'une manière étonnante, et nul ne la console. -Vois ma misère, ô Éternel ! Quelle arrogance chez l'ennemi ! - 10 L'oppresseur a étendu la main Sur tout ce qu'elle avait de précieux ; Elle a vu pénétrer dans son sanctuaire les nations Auxquelles tu avais défendu d'entrer dans ton assemblée. 11 Tout son peuple soupire, il cherche du pain ; Ils ont donné leurs choses précieuses pour de la nourriture, Afin de ranimer leur vie. -Vois, Éternel, regarde comme je suis avilie !
   12 Je m'adresse à vous, à vous tous qui passez ici ! Regardez et voyez s'il est une douleur pareille à ma douleur, A celle dont j'ai été frappée ! L'Éternel m'a affligée au jour de son ardente colère. 13 D'en haut il a lancé dans mes os un feu qui les dévore ; Il a tendu un filet sous mes pieds, Il m'a fait tomber en arrière ; Il m'a jetée dans la désolation, dans une langueur de tous les jours. 14 Sa main a lié le joug de mes iniquités ; Elles se sont entrelacées, appliquées sur mon cou ; Il a brisé ma force ; Le Seigneur m'a livrée à des mains auxquelles je ne puis résister. 15 Le Seigneur a terrassé tous mes guerriers au milieu de moi ; Il a rassemblé contre moi une armée, Pour détruire mes jeunes hommes ; Le Seigneur a foulé au pressoir la vierge, fille de Juda. 16 C'est pour cela que je pleure, que mes yeux fondent en larmes ; Car il s'est éloigné de moi, celui qui me consolerait, Qui ranimerait ma vie. Mes fils sont dans la désolation, parce que l'ennemi a triomphé. - 17 Sion a étendu les mains, Et personne ne l'a consolée ; L'Éternel a envoyé contre Jacob les ennemis d'alentour ; Jérusalem a été un objet d'horreur au milieu d'eux. - 18 L'Éternel est juste, Car j'ai été rebelle à ses ordres. Écoutez, vous tous, peuples, et voyez ma douleur ! Mes vierges et mes jeunes hommes sont allés en captivité. 19 J'ai appelé mes amis, et ils m'ont trompée. Mes sacrificateurs et mes anciens ont expiré dans la ville: Ils cherchaient de la nourriture, Afin de ranimer leur vie. 20 Éternel, regarde ma détresse ! Mes entrailles bouillonnent, Mon coeur est bouleversé au dedans de moi, Car j'ai été rebelle. Au dehors l'épée a fait ses ravages, au dedans la mort. 21 On a entendu mes soupirs, et personne ne m'a consolée ; Tous mes ennemis ont appris mon malheur, Ils se sont réjouis de ce que tu l'as causé ; Tu amèneras, tu publieras le jour où ils seront comme moi. 22 Que toute leur méchanceté vienne devant toi, Et traite-les comme tu m'as traitée, A cause de toutes mes transgressions ! Car mes soupirs sont nombreux, et mon coeur est souffrant.

Lamentations 2

   1 Eh quoi ! le Seigneur, dans sa colère, a couvert de nuages la fille de Sion ! Il a précipité du ciel sur la terre la magnificence d'Israël ! Il ne s'est pas souvenu de son marchepied, Au jour de sa colère ! 2 Le Seigneur a détruit sans pitié toutes les demeures de Jacob ; Il a, dans sa fureur, renversé les forteresses de la fille de Juda, Il les a fait rouler à terre ; Il a profané le royaume et ses chefs. 3 Il a, dans son ardente colère, abattu toute la force d'Israël ; Il a retiré sa droite en présence de l'ennemi ; Il a allumé dans Jacob des flammes de feu, Qui dévorent de tous côtés. 4 Il a tendu son arc comme un ennemi ; Sa droite s'est dressée comme celle d'un assaillant ; Il a fait périr tout ce qui plaisait aux regards ; Il a répandu sa fureur comme un feu sur la tente de la fille de Sion. 5 Le Seigneur a été comme un ennemi ; Il a dévoré Israël, il a dévoré tous ses palais, Il a détruit ses forteresses ; Il a rempli la fille de Juda de plaintes et de gémissements. 6 Il a dévasté sa tente comme un jardin, Il a détruit le lieu de son assemblée ; L'Éternel a fait oublier en Sion les fêtes et le sabbat, Et, dans sa violente colère, il a rejeté le roi et le sacrificateur. 7 Le Seigneur a dédaigné son autel, repoussé son sanctuaire ; Il a livré entre les mains de l'ennemi les murs des palais de Sion ; Les cris ont retenti dans la maison de l'Éternel, Comme en un jour de fête. 8 L'Éternel avait résolu de détruire les murs de la fille de Sion ; Il a tendu le cordeau, il n'a pas retiré sa main sans les avoir anéantis ; Il a plongé dans le deuil rempart et murailles, Qui n'offrent plus ensemble qu'une triste ruine. 9 Ses portes sont enfoncées dans la terre ; Il en a détruit, rompu les barres. Son roi et ses chefs sont parmi les nations ; il n'y a plus de loi. Même les prophètes ne reçoivent aucune vision de l'Éternel.
   10 Les anciens de la fille de Sion sont assis à terre, ils sont muets ; Ils ont couvert leur tête de poussière, Ils se sont revêtus de sacs ; Les vierges de Jérusalem laissent retomber leur tête vers la terre. 11 Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles bouillonnent, Ma bile se répand sur la terre, A cause du désastre de la file de mon peuple, Des enfants et des nourrissons en défaillance dans les rues de la ville. 12 Ils disaient à leurs mères: Où y a-t-il du blé et du vin ? Et ils tombaient comme des blessés dans les rues de la ville, Ils rendaient l'âme sur le sein de leurs mères. 13 Que dois-je te dire ? à quoi te comparer, fille de Jérusalem ? Qui trouver de semblable à toi, et quelle consolation te donner, Vierge, fille de Sion ? Car ta plaie est grande comme la mer: qui pourra te guérir ? 14 Tes prophètes ont eu pour toi des visions vaines et fausses ; Ils n'ont pas mis à nu ton iniquité, Afin de détourner de toi la captivité ; Ils t'ont donné des oracles mensongers et trompeurs. 15 Tous les passants battent des mains sur toi, Ils sifflent, ils secouent la tête contre la fille de Jérusalem: Est-ce là cette ville qu'on appelait une beauté parfaite, La joie de toute la terre ? 16 Tous tes ennemis ouvrent la bouche contre toi, Ils sifflent, ils grincent des dents, Ils disent: Nous l'avons engloutie ! C'est bien le jour que nous attendions, nous l'avons atteint, nous le voyons ! 17 L'Éternel a exécuté ce qu'il avait résolu, Il a accompli la parole qu'il avait dès longtemps arrêtée, Il a détruit sans pitié ; Il a fait de toi la joie de l'ennemi, Il a relevé la force de tes oppresseurs. 18 Leur coeur crie vers le Seigneur... Mur de la fille de Sion, répands jour et nuit des torrents de larmes ! Ne te donne aucun relâche, Et que ton oeil n'ait point de repos ! 19 Lève-toi, pousse des gémissements à l'entrée des veilles de la nuit ! Répands ton coeur comme de l'eau, en présence du Seigneur ! Lève tes mains vers lui pour la vie de tes enfants Qui meurent de faim aux coins de toutes les rues ! 20 Vois, Éternel, regarde qui tu as ainsi traité ! Fallait-il que des femmes dévorassent le fruit de leurs entrailles, Les petits enfants objets de leur tendresse ? Que sacrificateurs et prophètes fussent massacrés dans le sanctuaire du Seigneur ? 21 Les enfants et les vieillards sont couchés par terre dans les rues ; Mes vierges et mes jeunes hommes sont tombés par l'épée ; Tu as tué, au jour de ta colère, Tu as égorgé sans pitié. 22 Tu as appelé de toutes parts sur moi l'épouvante, comme à un jour de fête. Au jour de la colère de l'Éternel, il n'y a eu ni réchappé ni survivant. Ceux que j'avais soignés et élevés, Mon ennemi les a consumés.

Lamentations 3

   1 Je suis l'homme qui a vu la misère Sous la verge de sa fureur. 2 Il m'a conduit, mené dans les ténèbres, Et non dans la lumière. 3 Contre moi il tourne et retourne sa main Tout le jour. 4 Il a fait dépérir ma chair et ma peau, Il a brisé mes os. 5 Il a bâti autour de moi, Il m'a environné de poison et de douleur. 6 Il me fait habiter dans les ténèbres, Comme ceux qui sont morts dès longtemps. 7 Il m'a entouré d'un mur, pour que je ne sorte pas ; Il m'a donné de pesantes chaînes. 8 J'ai beau crier et implorer du secours, Il ne laisse pas accès à ma prière. 9 Il a fermé mon chemin avec des pierres de taille, Il a détruit mes sentiers. 10 Il a été pour moi un ours en embuscade, Un lion dans un lieu caché. 11 Il a détourné mes voies, il m'a déchiré, Il m'a jeté dans la désolation. 12 Il a tendu son arc, et il m'a placé Comme un but pour sa flèche. 13 Il a fait entrer dans mes reins Les traits de son carquois. 14 Je suis pour tout mon peuple un objet de raillerie, Chaque jour l'objet de leurs chansons. 15 Il m'a rassasié d'amertume, Il m'a enivré d'absinthe. 16 Il a brisé mes dents avec des cailloux, Il m'a couvert de cendre. 17 Tu m'as enlevé la paix ; Je ne connais plus le bonheur. 18 Et j'ai dit: Ma force est perdue, Je n'ai plus d'espérance en l'Éternel ! 19 Quand je pense à ma détresse et à ma misère, A l'absinthe et au poison ; 20 Quand mon âme s'en souvient, Elle est abattue au dedans de moi.
   21 Voici ce que je veux repasser en mon coeur, Ce qui me donnera de l'espérance. 22 Les bontés de l'Éternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ; 23 Elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande ! 24 L'Éternel est mon partage, dit mon âme ; C'est pourquoi je veux espérer en lui. 25 L'Éternel a de la bonté pour qui espère en lui, Pour l'âme qui le cherche. 26 Il est bon d'attendre en silence Le secours de l'Éternel. 27 Il est bon pour l'homme De porter le joug dans sa jeunesse. 28 Il se tiendra solitaire et silencieux, Parce que l'Éternel le lui impose ; 29 Il mettra sa bouche dans la poussière, Sans perdre toute espérance ; 30 Il présentera la joue à celui qui le frappe, Il se rassasiera d'opprobres. 31 Car le Seigneur Ne rejette pas à toujours. 32 Mais, lorsqu'il afflige, Il a compassion selon sa grande miséricorde ; 33 Car ce n'est pas volontiers qu'il humilie Et qu'il afflige les enfants des hommes. 34 Quand on foule aux pieds Tous les captifs du pays, 35 Quand on viole la justice humaine A la face du Très Haut, 36 Quand on fait tort à autrui dans sa cause, Le Seigneur ne le voit-il pas ?
   37 Qui dira qu'une chose arrive, Sans que le Seigneur l'ait ordonnée ? 38 N'est-ce pas de la volonté du Très Haut que viennent Les maux et les biens ? 39 Pourquoi l'homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de ses propres péchés. 40 Recherchons nos voies et sondons, Et retournons à l'Éternel ; 41 Élevons nos coeurs et nos mains Vers Dieu qui est au ciel:
   42 Nous avons péché, nous avons été rebelles ! Tu n'as point pardonné ! 43 Tu t'es caché dans ta colère, et tu nous as poursuivis ; Tu as tué sans miséricorde ; 44 Tu t'es enveloppé d'un nuage, Pour fermer accès à la prière. 45 Tu nous as rendus un objet de mépris et de dédain Au milieu des peuples. 46 Ils ouvrent la bouche contre nous, Tous ceux qui sont nos ennemis. 47 Notre partage a été la terreur et la fosse, Le ravage et la ruine. 48 Des torrents d'eau coulent de mes yeux, A cause de la ruine de la fille de mon peuple. 49 Mon oeil fond en larmes, sans repos, Sans relâche, 50 Jusqu'à ce que l'Éternel regarde et voie Du haut des cieux ; 51 Mon oeil me fait souffrir, A cause de toutes les filles de ma ville. 52 Ils m'ont donné la chasse comme à un oiseau, Ceux qui sont à tort mes ennemis. 53 Ils ont voulu anéantir ma vie dans une fosse, Et ils ont jeté des pierres sur moi. 54 Les eaux ont inondé ma tête ; Je disais: Je suis perdu !
   55 J'ai invoqué ton nom, ô Éternel, Du fond de la fosse. 56 Tu as entendu ma voix: Ne ferme pas l'oreille à mes soupirs, à mes cris ! 57 Au jour où je t'ai invoqué, tu t'es approché, Tu as dit: Ne crains pas ! 58 Seigneur, tu as défendu la cause de mon âme, Tu as racheté ma vie. 59 Éternel, tu as vu ce qu'on m'a fait souffrir: Rends-moi justice ! 60 Tu as vu toutes leurs vengeances, Tous leurs complots contre moi. 61 Éternel, tu as entendu leurs outrages, Tous leurs complots contre moi, 62 Les discours de mes adversaires, et les projets Qu'ils formaient chaque jour contre moi. 63 Regarde quand ils sont assis et quand ils se lèvent: Je suis l'objet de leurs chansons. 64 Tu leur donneras un salaire, ô Éternel, Selon l'oeuvre de leurs mains ; 65 Tu les livreras à l'endurcissement de leur coeur, A ta malédiction contre eux ; 66 Tu les poursuivras dans ta colère, et tu les extermineras De dessous les cieux, ô Éternel !

Lamentations 4

   1 Eh quoi ! l'or a perdu son éclat ! L'or pur est altéré ! Les pierres du sanctuaire sont dispersées Aux coins de toutes les rues ! 2 Les nobles fils de Sion, Estimés à l'égal de l'or pur, Sont regardés, hélas ! comme des vases de terre, Ouvrage des mains du potier ! 3 Les chacals mêmes présentent la mamelle, Et allaitent leurs petits ; Mais la fille de mon peuple est devenue cruelle Comme les autruches du désert. 4 La langue du nourrisson s'attache à son palais, Desséchée par la soif ; Les enfants demandent du pain, Et personne ne leur en donne. 5 Ceux qui se nourrissaient de mets délicats Périssent dans les rues ; Ceux qui étaient élevés dans la pourpre Embrassent les fumiers. 6 Le châtiment de la fille de mon peuple est plus grand Que celui de Sodome, Détruite en un instant, Sans que personne ait porté la main sur elle. 7 Ses princes étaient plus éclatants que la neige, Plus blancs que le lait ; Ils avaient le teint plus vermeil que le corail ; Leur figure était comme le saphir. 8 Leur aspect est plus sombre que le noir ; On ne les reconnaît pas dans les rues ; Ils ont la peau collée sur les os, Sèche comme du bois. 9 Ceux qui périssent par l'épée sont plus heureux Que ceux qui périssent par la faim, Qui tombent exténués, Privés du fruit des champs. 10 Les femmes, malgré leur tendresse, Font cuire leurs enfants ; Ils leur servent de nourriture, Au milieu du désastre de la fille de mon peuple. 11 L'Éternel a épuisé sa fureur, Il a répandu son ardente colère ; Il a allumé dans Sion un feu Qui en dévore les fondements. 12 Les rois de la terre n'auraient pas cru, Aucun des habitants du monde n'aurait cru Que l'adversaire, que l'ennemi entrerait Dans les portes de Jérusalem.
   13 Voilà le fruit des péchés de ses prophètes, Des iniquités de ses sacrificateurs, Qui ont répandu dans son sein Le sang des justes ! 14 Ils erraient en aveugles dans les rues, Souillés de sang ; On ne pouvait Toucher leurs vêtements. 15 Éloignez-vous, impurs ! leur criait-on, Éloignez-vous, éloignez-vous, ne nous touchez pas ! Ils sont en fuite, ils errent çà et là ; On dit parmi les nations: Ils n'auront plus leur demeure ! 16 L'Éternel les a dispersés dans sa colère, Il ne tourne plus les regards vers eux ; On n'a eu ni respect pour les sacrificateurs, Ni pitié pour les vieillards. 17 Nos yeux se consumaient encore, Et nous attendions vainement du secours ; Nos regards se portaient avec espérance Vers une nation qui ne nous a pas délivrés. 18 On épiait nos pas, Pour nous empêcher d'aller sur nos places ; Notre fin s'approchait, nos jours étaient accomplis... Notre fin est arrivée ! 19 Nos persécuteurs étaient plus légers Que les aigles du ciel ; Ils nous ont poursuivis sur les montagnes, Ils nous ont dressé des embûches dans le désert. 20 Celui qui nous faisait respirer, l'oint de l'Éternel, A été pris dans leurs fosses, Lui de qui nous disions: Nous vivrons sous son ombre parmi les nations.
   21 Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille d'Édom, Habitante du pays d'Uts ! Vers toi aussi passera la coupe ; Tu t'enivreras, et tu seras mise à nu. 22 Fille de Sion, ton iniquité est expiée ; Il ne t'enverra plus en captivité. Fille d'Édom, il châtiera ton iniquité, Il mettra tes péchés à découvert.

Lamentations 5

   1 Souviens-toi, Éternel, de ce qui nous est arrivé ! Regarde, vois notre opprobre ! 2 Notre héritage a passé à des étrangers, Nos maisons à des inconnus. 3 Nous sommes orphelins, sans père ; Nos mères sont comme des veuves. 4 Nous buvons notre eau à prix d'argent, Nous payons notre bois. 5 Nous sommes poursuivis, le joug sur le cou ; Nous sommes épuisés, nous n'avons point de repos. 6 Nous avons tendu la main vers l'Égypte, vers l'Assyrie, Pour nous rassasier de pain. 7 Nos pères ont péché, ils ne sont plus, Et c'est nous qui portons la peine de leurs iniquités. 8 Des esclaves dominent sur nous, Et personne ne nous délivre de leurs mains. 9 Nous cherchons notre pain au péril de notre vie, Devant l'épée du désert. 10 Notre peau est brûlante comme un four, Par l'ardeur de la faim. 11 Ils ont déshonoré les femmes dans Sion, Les vierges dans les villes de Juda. 12 Des chefs ont été pendus par leurs mains ; La personne des vieillards n'a pas été respectée. 13 Les jeunes hommes ont porté la meule, Les enfants chancelaient sous des fardeaux de bois. 14 Les vieillards ne vont plus à la porte, Les jeunes hommes ont cessé leurs chants. 15 La joie a disparu de nos coeurs, Le deuil a remplacé nos danses. 16 La couronne de notre tête est tombée ! Malheur à nous, parce que nous avons péché !
   17 Si notre coeur est souffrant, Si nos yeux sont obscurcis, 18 C'est que la montagne de Sion est ravagée, C'est que les renards s'y promènent. 19 Toi, l'Éternel, tu règnes à jamais ; Ton trône subsiste de génération en génération. 20 Pourquoi nous oublierais-tu pour toujours, Nous abandonnerais-tu pour de longues années ? 21 Fais-nous revenir vers toi, ô Éternel, et nous reviendrons ! Donne-nous encore des jours comme ceux d'autrefois ! 22 Nous aurais-tu entièrement rejetés, Et t'irriterais-tu contre nous jusqu'à l'excès !

Lm 1-26 (Annotée Neuchâtel)

   1 Comment est-elle assise solitaire,
La cité populeuse ?
Elle est devenue comme une veuve !
Celle qui était une capitale parmi les nations,
Une princesse sur les provinces,
A été rendue tributaire.
   2 Elle pleure, elle pleure durant la nuit,
Et ses larmes sont sur ses joues ;
De tous ses amants
Pas un ne la console ;
Tous ses compagnons l'ont trahie,
Ils sont devenus ses ennemis.
   3 Juda s'en est allé en exil
Sous le poids de l'oppression et d'une dure servitude ;
Il demeure chez les nations,
Sans trouver de repos ;
Tous ses persécuteurs l'ont atteint
Dans les défilés étroits.
   4 Les chemins de Sion sont dans le deuil,
Parce que personne ne vient plus à la fête ;
Toutes ses portes sont en ruines ;
Ses sacrificateurs sanglotent ;
Ses vierges se désolent,
Et elle-même est dans l'amertume.
   5 Ses adversaires ont le dessus ;
Ses ennemis prospèrent ;
Car l'Eternel l'a affligée
A cause de la multitude de ses rébellions ;
Ses petits enfants s'en sont allés captifs
Devant l'oppresseur.
   6 Toute la gloire de la fille de Sion
S'est éloignée d'elle ;
Ses princes sont comme des cerfs
Qui n'ont pas trouvé de pâture
Et s'en vont sans force
Devant celui qui les poursuit.
   7 Jérusalem, aux jours de sa misère et de sa vie errante,
Se souvient de tous ses biens précieux dès les jours anciens.
Maintenant que son peuple est tombé par la main de l'ennemi
Et que personne ne vient à son aide,
Les ennemis la voient ;
Ils rient de son chômage.
   8 Jérusalem a péché, péché... !
C'est pourquoi elle est devenue une chose souillée ;
Tous ceux qui l'honoraient la méprisent,
Car ils ont vu sa nudité ;
Elle-même sanglote
Et se détourne.
   9 Sa souillure est dans les pans de sa robe ;
Elle ne songeait pas à sa fin,
Et elle est tombée d'une manière étrange ;
Nul ne la console !
Vois, ô Eternel, ma misère !
Car l'ennemi triomphe
   10 L'ennemi a étendu la main
Sur tous ses trésors ;
Car elle a vu les nations
Entrer dans son sanctuaire,
Celles au sujet desquelles tu avais donné cet ordre :
Elles n'entreront point dans ton assemblée !
   11 Tout son peuple sanglote ;
Ils cherchent du pain ;
Ils donnent leurs joyaux
Pour des aliments qui leur rendent la vie.
Vois, Eternel, regarde
L'abjection où je suis !
   12 Cela ne vous touche pas,
Vous tous qui passez par le chemin ?
Regardez et voyez s'il y a une douleur
Comme la douleur qui m'est infligée,
A moi que l'Eternel a frappée
Au jour de son ardente colère !
   13 D'en-haut il a lancé dans mes os
Un feu qui les dévore ;
Il a étendu un filet devant mes pieds,
Il m'a fait reculer ;
Il m'a rendue désolée,
Languissante tout le jour.
   14 Le joug de mes forfaits
Est lié par sa main ;
Ils s'entrelacent et pèsent sur mon cou.
Il a fait broncher ma force ;
Le Seigneur m'a livrée à des mains
Auxquelles je ne puis résister.
   15 Le Seigneur a enlevé tous les guerriers
Que j'avais au milieu de moi ;
Il a convoqué des gens contre moi
Pour écraser mes jeunes hommes ;
Le Seigneur a foulé au pressoir
Pour la vierge, fille de Juda.
   16 C'est pour cela que je pleure ;
Mon oeil, mon oeil fond en larmes ;
Car il n'y a près de moi personne qui me console,
Qui me rende la vie ;
Mes fils sont dans la désolation,
Car l'ennemi l'emporte !
   17 Sion a tendu les mains...
Personne ne l'a consolée !
L'Eternel a commandé aux ennemis de Jacob
De l'environner de toutes parts.
Jérusalem est devenue au milieu d'eux
Comme une chose souillée.
   18 L'Eternel est juste,
Car j'ai été rebelle à ses ordres.
Oh ! écoutez, vous tous les peuples,
Et voyez ma douleur :
Mes vierges et mes jeunes gens
Sont allés en captivité.
   19 J'ai appelé mes amants,
Ils m'ont trompée ;
Mes sacrificateurs et mes anciens
Ont péri dans la ville
En cherchant de la nourriture
Pour ranimer leur vie.
   20 Regarde, ô Eternel, car je suis dans l'angoisse !
Mes entrailles sont émues ;
Mon coeur est bouleversé au-dedans de moi,
Parce que j'ai été bien rebelle.
Au dehors l'épée a tué mes enfants ;
Au dedans c'est la mort !
   21 On m'entend gémir...
Personne qui me console !
Tous mes ennemis, apprenant mon malheur,
Se réjouissent de ce que tu as agi.
Tu as fait venir le jour que tu avais annoncé...
Ils deviendront tels que moi !
   22
Que toute leur méchanceté
Vienne devant toi,
Et traite-les comme tu m'as traitée
A cause de tous mes forfaits ;
Car mes soupirs sont nombreux,
Et mon coeur est malade !

Lamentations 2

   1 Comment le Seigneur, dans sa colère,
A-t-il couvert d'un nuage la fille de Sion ?
Il a précipité des cieux en terre
La magnificence d'Israël ;
Il ne s'est pas souvenu de son marchepied,
Au jour de sa colère.
   2 Le Seigneur a ruiné sans pitié
Toutes les demeures de Jacob ;
Il a détruit, dans sa fureur,
Les remparts de la fille de Juda.
Il les a jetés en terre ;
Il a profané sa royauté et ses princes.
   3 Il a rompu, dans l'ardeur de sa colère,
Toute force d'Israël ;
Il a retiré sa droite
Devant l'ennemi ;
Il a allumé en Jacob comme un feu ardent
Qui dévore tout autour.
   4 Il a bandé son arc comme un ennemi,
Il a levé sa droite comme un assaillant,
Et il a égorgé
Tout ce qui charmait les yeux.
Dans la tente de la fille de Sion
Il a versé son courroux comme un feu.
   5 Le Seigneur a été comme un ennemi ;
Il a ruiné Israël,
Ruiné tous ses palais,
Détruit ses remparts.
Il a infligé à la fille de Juda
Douleur sur douleur.
   6 Il a forcé son enclos comme un jardin
Il a détruit son lieu d'assignation.
L'Eternel a fait oublier en Sion
Fêtes solennelles et sabbats ;
Dans le débordement de sa colère,
Il a rejeté avec dédain rois et sacrificateurs.
   7 Le Seigneur a pris en dégoût son autel,
En abomination son sanctuaire ;
Il a livré aux mains de l'ennemi
Les murs de ses palais.
On a poussé des cris dans la maison de l'Eternel,
Comme en un jour de fête.
   8 L'Eternel a médité de détruire
Les murs de la fille de Sion ;
Il a étendu le cordeau,
Il n'a pas retiré sa main qu'il ne les eût détruits.
Il a mis en deuil bastion et muraille ;
Ensemble ils mènent deuil.
   9 Ses portes sont enfoncées en terre ;
Il en a détruit, brisé les barres.
Son roi et ses princes sont chez les Gentils ;
Il n'y a plus de loi ;
Ses prophètes aussi
Ne reçoivent plus de vision de l'Eternel.
   10 Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre,
Ils se taisent ;
Ils ont jeté de la poussière sur leur tête ;
Ils sont vêtus de sacs.
Les vierges de Jérusalem
Courbent leur tête vers la terre.
   11 Mes yeux se consument dans les larmes ;
Mes entrailles sont émues ;
Mon foie s'épanche sur la terre,
A cause de la blessure de la fille de mon peuple,
A la vue des enfants et des nourrissons
Qui défaillent dans les places de la ville.
   12 Ils disent à leurs mères :
Où y a-t-il du pain et du vin ?
Et ils tombent comme blessés à mort
Dans les rues de la ville,
Et rendent l'âme
Sur le sein de leurs mères.
   13 Quel exemple te citerai-je ?
Qui comparerai-je à toi, fille de Jérusalem ?
A qui t'assimiler pour te consoler,
O vierge, fille de Sion ?
Car ta plaie est grande comme la mer !
Qui te guérirait ?
   14 Tes prophètes ont eu pour toi
Des visions vaines et folles ;
Ils ne t'ont point dévoilé ton iniquité,
Afin de détourner de toi la captivité ;
Mais ils t'ont donné pour visions
Des oracles de mensonge et de réjection.
   15 Tous les passants battent des mains à ta vue ;
Ils sifflent,
Ils hochent la tête
Au sujet de la fille de Jérusalem ;
Est-ce là cette ville qu'on appelait la parfaite en beauté,
La joie de toute la terre ?
   16 Tous tes ennemis ouvrent la bouche contre toi ;
Ils sifflent,
Ils grincent des dents ;
Ils disent : Nous les avons engloutis !
C'est là le jour que nous attendions !
Nous y sommes ; nous le voyons !
   17 L'Eternel a exécuté ce qu'il avait résolu ;
Il a accompli la parole
Qu'il avait prononcée dès les jours anciens.
Il a détruit sans pitié ;
Il a réjoui l'ennemi à ton sujet ;
Il a élevé la corne de tes adversaires.
   18 Leur coeur crie vers le Seigneur !
O muraille de la fille de Sion,
Laisse couler tes larmes jour et nuit
Comme un torrent !
Ne te donne aucun relâche !
Que ta prunelle n'ait point de repos !
   19 Lève-toi, pousse des cris dans la nuit,
Au commencement de chaque veille ;
Répands ton coeur comme de l'eau
Devant la face du Seigneur !
Lève les mains vers lui pour la vie de tes enfants
Qui défaillent de faim aux coins de toutes les rues !
   20 Vois, Eternel, et considère !
Qui as-tu jamais traité ainsi ?
Des femmes mangent-elles le fruit de leurs entrailles,
Les petits enfants qu'elles portent dans leurs bras ?
Tue-t-on dans le sanctuaire du Seigneur
Les sacrificateurs et les prophètes ?
   21 Jeunes gens et vieillards
Sont couchés par terre dans les rues ;
Mes vierges et mes adolescents
Sont tombés par l'épée.
Tu as égorgé au jour de ta colère ;
Tu as immolé ; tu n'as point épargné !
   22 Tu as assigné, comme à un jour de convocation,
Mes terreurs de toutes parts ;
Au jour de la colère de l'Eternel
Il n'y a eu ni réchappé, ni fugitif.
Ceux que j'avais portés dans mes bras et que j'avais élevés,
Mon ennemi les a détruits jusqu'au dernier !

Lamentations 3

   1 Je suis l'homme qui ai vu l'affliction
Sous la verge de sa fureur.
   2 Il m'a conduit et fait marcher
Dans les ténèbres et non dans la lumière.
   3 C'est contre moi seul
Qu'il tourne sa main toujours de nouveau.
   4 Il a usé ma chair et ma peau
Il a brisé mes os.
   5 Il a bâti contre moi,
Il m'a environné de fiel et d'ennui.
   6 Il m'a fait habiter dans les ténèbres,
Comme ceux qui sont morts dès longtemps.
   7 Il m'a entouré d'un mur pour que je ne puisse sortir ;
Il m'a chargé de lourdes chaînes.
   8 Même quand je crie et que j'appelle à mon secours,
Il ferme l'accès à ma prière.
   9 Il m'a barré les chemins avec des pierres de taille,
Il a bouleversé mes sentiers.
   10 Il a été pour moi un ours aux aguets,
Un lion en embuscade,
   11 Il m'a fait sortir du chemin et mis en pièces ;
Il m'a réduit en dévastation.
   12 Il a bandé son arc
Et m'a placé comme but pour sa flèche.
   13 Il a fait pénétrer dans mes reins
Les traits de son carquois ;
   14 Je suis la risée de tout mon peuple,
Leur chanson tout le jour ;
   15 Il m'a rassasié d'herbes amères,
Il m'a abreuvé d'absinthe.
   16 Il a fait broyer du gravier à mes dents,
Il m'a enfoncé dans la cendre.
   17 Mon âme est dégoûtée, faute de paix ;
J'ai oublié le bonheur,
   18 Et j'ai dit : Ma force et mon attente
Ont pris fin loin de l'Eternel.
   19 Souviens-toi de mon affliction et de ma persécution,
De l'absinthe et du fiel ;
   20 Mon âme s'en souvient sans cesse,
Et elle est abattue en moi,
   21 Voici ce que je me rappelle en mon coeur,
C'est pourquoi j'espérerai :
   22 C'est une grâce de l'Eternel que nous ne soyons pas anéantis,
Que ses compassions ne soient pas épuisées.
   23 Elles se renouvellent chaque matin ;
Grande est ta fidélité !
   24 L'Eternel est ma part, a dit mon âme,
C'est pourquoi je m'attendrai à lui.
   25 L'Eternel est bon pour celui qui s'attend à lui,
Pour l'âme qui le cherche.
   26 Il est bon d'attendre en silence
La délivrance de l'Eternel ;
   27 Il est bon à l'homme
De porter le joug dans sa jeunesse.
   28 Qu'il s'asseye à l'écart et qu'il garde le silence
Quand il le lui a imposé !
   29 Qu'il mette sa bouche dans la poussière !
Peut-être y aura-t-il de l'espoir.
   30 Qu'il présente la joue à celui qui le frappe ;
Qu'il se rassasie d'opprobre !
   31 Car le Seigneur
Ne rejette pas à toujours ;
   32 Mais il afflige,
Et a compassion selon sa grande miséricorde :
   33 Car ce n'est pas de bon coeur qu'il humilie
Et qu'il afflige les fils des hommes.
   34 Lorsqu'on foule aux pieds
Tous les captifs du pays,
   35 Lorsqu'on fait fléchir le droit d'un homme
A la face du Très-Haut,
   36 Lorsqu'on fait tort à quelqu'un dans sa cause,
Le Seigneur ne le voit-il pas ?
   37 Qui a parlé, et la chose a eu lieu,
Sans que le Seigneur l'ait commandé ?
   38 N'est-ce pas de la bouche du Très-Haut
Que procèdent les maux et le bien ?
   39 Pourquoi l'homme vivant se plaindrait-il ?
Que chacun se plaigne de son péch
   40 Examinons nos voies et sondons-les ;
Et retournons jusqu'à l'Eternel.
   41 Elevons nos coeurs avec nos mains
Vers Dieu dans les cieux.
   42 Nous, nous avons été infidèles ; nous nous sommes révoltés ;
Toi, tu n'as pas pardonné.
   43 Tu t'es enveloppé dans ta colère,
Et tu nous as poursuivis ; tu as tué sans épargner ;
   44 Tu t'es couvert d'une nuée,
Afin que la prière ne passe point.
   45 Tu as fait de nous des balayures et un rebut
Au milieu des peuples.
   46 Tous nos ennemis
Ouvrent la bouche contre nous.
   47 La frayeur et la fosse nous sont échues,
La dévastation et la ruine !
   48 Mon oeil se fond en ruisseaux d'eau
A cause de la ruine de la fille de mon peuple.
   49 Mon oeil pleure et ne cesse point,
Parce qu'il n'y a point de répit,
   50 Jusqu'à ce que l'Eternel
Regarde des cieux et voie.
   51 Mon oeil fait mal à mon âme
A cause de toutes les filles de ma ville.
   52 Ceux qui sont mes ennemis sans cause
M'ont donné la chasse, comme à un passereau.
   53 Ils ont anéanti ma vie dans la fosse,
Et ont jeté une pierre sur moi.
   54 Les eaux montaient par-dessus ma tête,
Je disais : Je suis retranché !
   55 J'ai invoqué ton nom, ô Eternel,
De la fosse des enfers.
   56 Tu as entendu ma voix : Ne ferme pas
L'oreille à mon appel, à mon cri de détresse !
   57 Au jour où je t'ai invoqué,
Tu t'es approché et tu as dit : Ne crains point !
   58 Seigneur ! tu as pris la défense de mon âme,
Tu m'as sauvé la vie.
   59 Tu as vu, Eternel, le tort qu'ils me font ;
Fais-moi justice !
   60 Tu as vu toute leur rancune,
Toutes leurs machinations contre moi.
   61 Tu as entendu leurs outrages, ô Eternel,
Toutes leurs machinations contre moi,
   62 Les propos de mes adversaires,
Et ce qu'ils méditent contre moi tout le jour.
   63 Quand ils s'asseyent ou qu'ils se lèvent, regarde :
Je suis leur chanson.
   64 Tu les rétribueras, ô Eternel,
Selon l'oeuvre de leurs mains.
   65 Tu leur donneras l'endurcissement du coeur,
Tu leur donneras ta malédiction.
   66 Tu les poursuivras avec colère,
Et tu les extermineras de dessous les cieux de l'Eternel.

Lamentations 4

   1 Comment l'or s'est-il terni,
L'or pur s'est-il altéré ?
Comment les pierres sacrées ont-elles été semées
Au coin de toutes les rues ?
   2 Les nobles fils de Sion,
Evalués au poids de l'or fin,
Comment ont-ils été comptés pour des vases de terre,
Ouvrage de mains de potier ?
   3 Même les chacals présentent la mamelle
A leurs petits et les allaitent,
La fille de mon peuple est devenue cruelle
Comme les autruches dans le désert.
   4 La langue du nourrisson, dans sa soif,
S'attache à son palais.
Les enfants demandent du pain ;
Personne ne leur en distribue.
   5 Ceux qui mangeaient des mets délicats,
Meurent de faim dans les rues ;
Ceux qu'on portait sur la pourpre,
Se couchent dans le fumier.
   6 L'iniquité de la fille de mon peuple
A été plus grande que le péché de Sodome,
Qui fut renversée en un instant,
Sans qu'aucune main se fût levée contre elle.
   7 Les nobles surpassaient en éclat la neige,
En blancheur le lait ;
Leur corps était plus vermeil que le corail ;
Leur figure était un saphir.
   8 Leur aspect est plus sombre que le noir même ;
On ne les reconnaît plus dans les rues ;
Leur peau est attachée à leurs os,
Elle est sèche comme du bois.
   9 Heureux ont été ceux que l'épée a tués,
Plus que ceux qu'a tués la faim ;
Car eux, les transpercés,
Ils avaient en abondance les produits des champs.
   10 Des femmes compatissantes ont de leurs mains
Fait cuire leurs enfants ;
Ils leur ont servi d'aliment
Dans le désastre de la fille de mon peuple.
   11 L'Eternel a épuisé sa fureur ;
Il a répandu l'ardeur de sa colère
Et allumé en Sion un feu
Qui en a dévoré les fondements.
   12 Ils ne croyaient pas, les rois de la terre,
Ni aucun des habitants du monde,
Que l'adversaire, l'ennemi entrerait
Dans les portes de Jérusalem.
   13 C'est à cause des péchés de ses prophètes,
Des iniquités de ses sacrificateurs,
Qui répandaient au milieu d'elle
Le sang des justes.
   14 Ils erraient comme des aveugles dans les rues,
Souillés de sang ;
De sorte qu'on ne pouvait
Toucher leurs vêtements.
   15 Ecartez-vous ! Un impur ! leur criait-on :
Ecartez-vous ; écartez-vous ! Ne le touchez pas !
Quand ils fuyaient, ils erraient çà et là,
Et l'on disait parmi les Gentils : Qu'ils ne demeurent plus ici !
   16 La face de l'Eternel les a dispersés,
Il ne les regarde plus ;
On n'a pas respecté les sacrificateurs ;
On n'a pas fait grâce aux vieillards.
   17 Et nous, nos yeux se consumaient encore
Après un vain secours ;
Du haut de nos tours nous regardions attentivement
Vers une nation qui ne délivrait point !
   18 Ils épiaient nos pas,
Nous empêchant de marcher dans nos places ;
Notre fin approche ; nos jours sont accomplis ;
Oui, notre fin est venue !
   19 Ceux qui nous poursuivaient
Ont été plus légers que les aigles du ciel ;
Ils nous ont pourchassés sur les montagnes ;
Ils nous dressent des embûches dans le désert.
   20 Le souffle de nos narines, l'oint de l'Eternel,
A été pris dans leurs fosses,
Lui dont nous disions :
Nous vivrons sous son ombre au milieu des Gentils !
   21 Egaie-toi et réjouis-toi, fille d'Edom,
Qui habites au pays de Uts !
A toi aussi passera la coupe ;
Tu n'enivreras et tu te mettras à nu.
   22 Ton iniquité a pris fin, fille de Sion ;
Il ne t'enverra plus en captivité.
Il visite ton iniquité, fille d'Edom ;
Il met à découvert tes péchés.

Lamentations 5

   1 Souviens-toi, ô Eternel, de ce qui nous est arrivé ;
Regarde et vois notre opprobre !
   2 Notre héritage a passé à des étrangers,
Nos maisons à des inconnus.
   3 Nous sommes orphelins, sans père ;
Nos mères, sont comme veuves.
   4 Nous buvons notre eau à prix d'argent ;
Nous n'avons de bois qu'en payant.
   5 Nous sommes pressés par nos persécuteurs ;
Nous sommes épuisés ; il n'y a pas de repos pour nous.
   6 Nous tendons la main vers l'Egypte et vers l'Assyrie
Pour nous rassasier de pain.
   7 Nos pères ont péché, ils ne sont plus ;
Et nous, nous portons la peine de leurs iniquités.
   8 Des esclaves dominent sur nous ;
Personne ne nous arrache de leurs mains.
   9 Nous recueillons notre pain au péril de notre vie,
En affrontant l'épée du désert.
   10 Notre peau est brûlante comme un four,
Par suite de l'ardeur de la faim.
   11 Ils ont déshonoré des femmes dans Sion,
Des vierges dans les villes de Juda.
   12 Des chefs ont été pendus par leurs mains ;
La personne des vieillards n'a pas été respectée.
   13 Des jeunes gens ont porté la meule,
Des enfants ont chancelé chargés de bois.
   14 Les vieillards ont abandonné la porte,
Et les jeunes gens leur lyre.
   15 La joie de nos coeurs a cessé ;
Nos danses sont changées en deuil.
   16 La couronne de notre tête est tombée ;
Oui, malheur à nous, parce que nous avons péché !
   17 Voici pourquoi notre coeur est malade,
Voici pourquoi nos yeux sont obscurcis :
   18 C'est que la montagne de Sion est désolée
Et que les renards s'y promènent.
   19 Toi, Eternel, tu règnes à toujours ;
Ton trône est d'âge en âge.
   20 Pourquoi nous oublierais-tu à jamais,
Nous abandonnerais-tu pour toute la durée de nos jours ?
   21 Fais-nous revenir à toi, ô Eternel, et nous reviendrons ;
Renouvelle nos jours comme ils étaient autrefois.
   22 Car nous aurais-tu rejetés tout à fait ?
Serais-tu irrité contre nous à l'excès ?