Lueur.org - Un éclairage sur la foi
Genèse 4:1-2
(Annotée Neuchâtel)
   1 Et l'homme ayant connu Eve sa femme, elle conçut et enfanta Caïn ; et elle dit : J'ai donné l'être à un homme avec l'Eternel. 2 Elle enfanta encore Abel son frère ; et Abel fut berger, et Caïn était cultivateur.

Références croisées

4:1 Nb 31:17, Gn 4:25, Gn 3:15, Gn 5:29, 1Jn 3:12
Réciproques : Gn 19:31, Gn 24:16, Gn 29:21, Gn 38:26, Jg 19:25, 1S 1:19, Jb 15:7, Es 7:14
4:2 Gn 30:29-31, Gn 37:13, Gn 46:32-34, Gn 47:3, Ex 3:1, Ps 78:70-72, Am 7:15, Gn 4:25-26, Ps 127:3, Jn 8:44, 1Jn 3:10, 1Jn 3:12, 1Jn 3:15, Gn 3:23, Gn 9:20
Réciproques : Gn 2:5, Gn 4:20, Gn 22:7, Gn 27:41, Es 7:14

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Genèse 4
  • 4.1 1-2. Les deux frères.
    L'homme. Nous traduisons ainsi pour être littéral; Adam est encore envisagé moins comme individu que comme le représentant de la race.
    Ayant connu. Ces mots qui, d'après la forme du verbe, expriment une action passée, nous reportent au séjour dans le paradis, probablement au moment qui suivit immédiatement le premier péché (3.7). Le mot connaître désigne l'union la plus étroite, aussi bien au sens physique qu'au sens moral. Cette expression, qui n'est jamais employée en parlant des animaux, montre le caractère moral de l'union des sexes dans le mariage.
    Caïn. Ce nom, comme le montre l'explication qu'Eve en donne elle-même, désignait ce premier enfant comme un être produit avec le secours de l'Eternel, car il est mis en relation avec le mot hébreu kana, qui signifie produire, créer, acquérir; cependant, d'après les règles de l'étymologie hébraïque, il dérive plutôt de la racine kin ou koun, qui exprime dans des langues sémitiques la notion de forger, fabriquer. Employé comme nom commun, ce mot signifie lance (2Samuel 21.6).
    J'ai donné l'être. On se représente aisément l'étonnement que dut éprouver la première mère à la vue de son premier enfant, elle qui savait que son mari et elle-même avaient été formés de la main de Dieu. De là son exclamation qu'on pourrait paraphraser ainsi : J'ai participé à l'œuvre créatrice accomplie par l'Eternel.
    Avec l'Eternel. Il serait possible de traduire : J'ai donné l'être à un homme, l'Eternel.
    Plusieurs interprètes adoptant ce sens ont pensé qu'Eve voyait dans cet enfant le Sauveur promis et proclamait par ces paroles sa nature divine. Mais la promesse du chapitre 3 ne renfermait aucune notion de ce genre.
    L'emploi du nom de Jéhova dans la bouche d'Eve paraît contredire le passage Exode 6.3. Nous renvoyons les lecteurs à l'explication de ce passage important, nous bornant à dire ici que le nom de Jéhova ne peut avoir été complètement inconnu avant la révélation de l'Eternel à Moïse dans le désert.
    Quelques noms composés en effet, tels que Morija et le nom de la mère de moïse lui-même, Jokébed (dont l'Eternel est la gloire), attestent son existence dans la période antérieure, et si ce nom n'eût pas été en quelque mesure connu du peuple, lorsque Moïse demande à Dieu : Qui leur dirai-je que tu es? Dieu n'eût pas pu lui répondre : Tu leur diras que je suis Jéhova, car cette réponse n'eût présenté aucun sens à leur esprit.
    Du reste il est bien probable qu'ici le nom de Jéhova doit être attribué à l'auteur, qui traduit de cette manière en hébreu le nom de la langue primitive employé par Eve pour désigner Dieu.
  • 4.2 Abel. plus exactement Hébel, signifie souffle, vanité. Plusieurs ont pensé que ce nom lui avait été donné après coup, à la suite de sa fin précoce et tragique. Mais il est possible qu'il lui ait été donné à sa naissance par sa mère, frappée, non plus comme à la naissance de son fils aîné, du fait de l'apparition d'un nouvel homme, mais de la faiblesse de ce petit être; ou bien l'expérience qu'elle avait déjà faite des luttes et des souffrances de la vie lui avait fait sentir la vanité de l'existence terrestre.
    D'autres interprètes font dériver ce nom du mot assyrien habelou (fils), qu'on retrouve dans les noms de plusieurs rois, par exemple dans celui de Nabu-habal-ussur (Nabopolassar), Assur protège le fils. Rien dans le texte ne s'oppose à cette opinion; mais on se demande pourquoi Eve aurait donné ce nom à son second enfant plutôt qu'au premier.
    Berger, littéralement : berger de petit bétail.
    Etait cultivateur. Cette traduction rend littéralement la forme du verbe hébreu : Caïn avait déjà cette occupation quand Abel devint berger. Le premier homme avait probablement été à la fois cultivateur et berger; ses deux premiers fils se partagent cette double activité, l'aîné gardant pour lui la première qui avait été instituée de Dieu (2.15; 3.19). Il est donc faux de vouloir discerner déjà les dispositions différentes des deux frères dans le choix de leur vocation.
    Remarquons que, à l'opposé de certaines conceptions philosophiques qui prétendent que l'humanité a dû passer par trois stages différents : chasse, élevage des bestiaux et agriculture, le récit biblique place ces deux dernières occupations à l'origine même de la race, écartant ainsi de l'histoire des premiers âges l'idée d'un état sauvage.
    On a voulu voir aussi dans notre récit un mythe, représentant la lutte des pâtres, préférés de Jéhova, et des agriculteurs qui menacent de les détruire. Mais quel intérêt aurait eu un auteur israélite, appartenant à une nation essentiellement agricole et plus du tout nomade, à flétrir l'agriculture au profit de l'élevage du bétail? Puis pour l'auteur lui-même l'agriculture est d'institution divine et existait même avant la chute (2.15).