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Luc 2:1-20 (Annotée Neuchâtel)

   1 Or il arriva, en ces jours-là, qu'un décret fut publié de la part de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. 2 Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 Et tous allaient pour être enregistrés, chacun dans sa propre ville. 4 Or Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui est nommée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David ; 5 pour être enregistré avec Marie, sa femme, qui lui avait été fiancée, laquelle était enceinte. 6 Or il arriva, pendant qu'ils étaient là, que les jours où elle devait accoucher furent accomplis ; 7 et elle enfanta son fils premier-né et elle l'emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie.
   8 Et il y avait dans la même contrée des bergers qui demeuraient aux champs et gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit. 9 Et un ange du Seigneur se présenta à eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux, et ils furent saisis d'une grande crainte. 10 Et l'ange leur dit : Ne craignez point, car voici je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie, qui sera pour tout le peuple : 11 C'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, qui est Christ, Seigneur. 12 Et ceci en sera pour vous le signe : vous trouverez un petit enfant emmailloté dans une crèche. 13 Et soudain, il y eut, avec l'ange, une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant : 14 Gloire à Dieu, dans les lieux très hauts et paix sur la terre ! bienveillance envers les hommes ! 15 Et il arriva, lorsque les anges s'en furent allés d'avec eux dans le ciel, que les bergers se dirent les uns aux autres : Allons donc jusqu'à Bethléhem, et voyons cet événement qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. 16 Et ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. 17 Et l'ayant vu, ils firent connaître la parole qui leur avait été dite au sujet de ce petit enfant, 18 Et tous ceux qui entendirent furent dans l'étonnement des choses qui leur étaient dites par les bergers. 19 Mais Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son coeur. 20 Et les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.

Références croisées

2:1 Lc 3:1, Ac 11:28, Ac 25:11, Ac 25:21, Ph 4:22, Mt 24:14, Mc 14:9, Mc 16:15, Rm 1:8
Réciproques : Gn 41:45, Est 10:1, Dn 7:23, Za 14:2, Mt 22:17, Lc 15:10, Lc 20:24, Ac 5:37, Ap 3:10, Ap 13:3, Ap 16:14, Ap 17:18
2:2 Ac 5:37, Lc 3:1, Ac 13:7, Ac 18:12, Ac 23:26, Ac 26:30
Réciproques : Mt 4:24, Ac 21:3
2:3 Réciproques : Gn 23:10
2:4 Lc 1:26-27, Lc 3:23, Lc 4:16, Mt 2:23, Jn 1:46, Gn 35:19, Gn 48:7, Rt 1:19, Rt 2:4, Rt 4:11, Rt 4:17, Rt 4:21, Rt 4:22, 1S 16:1, 1S 16:4, 1S 17:12, 1S 17:58, 1S 20:6, Mi 5:2, Mt 2:1-6, Jn 7:42, Lc 1:27, Lc 3:23-31, Mt 1:1-17
Réciproques : Gn 23:10, 1R 11:39, Mt 1:16, Mt 1:20, Lc 2:11, Lc 2:39, Jn 1:45, Jn 7:28, Rm 1:3
2:5 Dt 22:22-27, Mt 1:18-19
Réciproques : Mt 1:16, Mt 13:55, Lc 1:27
2:6 Ps 33:11, Pr 19:21, Mi 5:2, Lc 1:57, Ap 12:1-5
2:7 Es 7:14, Mt 1:25, Ga 4:4, Lc 2:11-12, Ps 22:6, Es 53:2-3, Mt 8:20, Mt 13:55, Jn 1:14, 2Co 8:9, Lc 10:34, Gn 42:27, Gn 43:21, Ex 4:24
Réciproques : Ez 16:4, Mt 1:16, Lc 1:57, Lc 2:16, Jn 4:6, 1Tm 2:15
2:8 Gn 31:39-40, Ex 3:1-2, 1S 17:34-35, Ps 78:70-71, Ez 34:8, Jn 10:8-12
Réciproques : Gn 35:21, Mt 1:20
2:9 Lc 1:11, Lc 1:28, Jg 6:11-12, Mt 1:20, Ac 27:23, 1Tm 3:16, Ex 16:7, Ex 16:10, Ex 40:34-35, 1R 8:11, Es 6:3, Es 35:2, Es 40:5, Es 60:1, Ez 3:23, Jn 12:41, 2Co 3:18, 2Co 4:6, Ap 18:1, Lc 1:12, Es 6:4-5, Ac 22:6-9, Ac 26:13-14, He 12:21, Ap 20:11
Réciproques : Gn 28:17, Jn 1:51, He 1:6, He 1:14
2:10 Lc 1:13, Lc 1:30, Dn 10:11-12, Dn 10:19, Mt 28:5, Ap 1:17-18, Lc 1:19, Lc 8:1, Es 40:9, Es 41:27, Es 52:7, Es 61:1, Ac 13:32, Rm 10:15, Lc 2:31-32, Lc 24:47, Gn 12:3, Ps 67:1-2, Ps 98:2-3, Es 49:6, Es 52:10, Mt 28:18, Mc 1:15, Mc 16:15, Rm 15:9-12, Ep 3:8, Col 1:23
Réciproques : Dt 32:43, 2R 7:9, 2R 20:19, 1Ch 16:31, Ps 21:6, Ps 89:5, Ps 89:15, Ps 96:11, Ps 97:1, Ps 98:1, Pr 15:30, Pr 25:25, Ct 1:4, Es 40:5, Es 41:10, Es 44:23, Es 49:1, Es 49:3, Jr 33:14, Na 1:15, So 3:14, Ag 2:7, Mt 1:16, Mt 2:10, Mt 7:11, Lc 1:11, Lc 1:12, Lc 2:30, Lc 3:6, Lc 19:38, Lc 19:42, Jn 3:17, Jn 3:29, Jn 4:42, Jn 13:31, Ac 2:30, Ac 3:26, Ac 8:8, Ac 10:3, Ac 10:36, Ac 13:23, Ac 13:48, Ac 20:24, Rm 1:1, Rm 1:16, Ga 3:14, Ga 4:4, Ep 3:4, Ph 2:1, Ph 2:29, 1Tm 1:11, 1Tm 2:5, 1Tm 2:15, 1Tm 3:16, 1P 1:6
2:11 Lc 1:69, Es 9:6, Mt 1:21, Ga 4:4-5, 2Tm 1:9-10, Tt 2:10-14, Tt 3:4-7, 1Jn 4:14, Lc 2:4, Mt 1:21, Lc 2:26, Lc 1:43, Lc 20:41-42, Gn 3:15, Gn 49:10, Ps 2:2, Dn 9:24-26, Mt 1:16, Mt 16:16, Jn 1:41, Jn 1:45, Jn 6:69, Jn 7:25-27, Jn 7:41, Jn 20:31, Ac 2:36, Ac 17:3, 1Jn 5:1, Lc 1:43, Lc 20:42-44, Ac 10:36, 1Co 15:47, Ph 2:11, Ph 3:8, Col 2:6
Réciproques : Dt 32:43, 1R 11:39, 2R 13:5, Ps 21:6, Ps 97:1, Pr 25:25, Es 19:20, Es 33:22, Es 41:10, Es 41:27, Es 43:11, Es 49:1, Jr 33:14, Ez 21:27, Ag 2:7, Ml 3:1, Mt 2:1, Mt 2:2, Mt 7:11, Mc 1:1, Mc 16:15, Lc 1:47, Lc 2:7, Lc 2:30, Lc 3:6, Lc 8:1, Lc 20:44, Jn 1:14, Jn 3:17, Jn 4:1, Jn 4:42, Jn 7:28, Jn 7:42, Jn 21:7, Ac 2:30, Ac 3:26, Ac 5:31, Ac 8:8, Ac 9:17, Ac 13:23, Ac 20:24, Rm 1:1, Rm 1:16, Ga 3:14, Ep 3:4, Ph 2:29, 1Tm 1:1, 1Tm 1:11, 1Tm 2:5, 1Tm 2:15, Tt 1:4
2:12 Ex 3:12, 1S 10:2-7, Ps 22:6, Es 53:1-2
Réciproques : 1S 10:7, 2R 19:29, Ez 16:4, Mt 8:20, Lc 2:7, Lc 2:16
2:13 Gn 28:12, Gn 32:1-2, 1R 22:19, Jb 38:7, Ps 68:17, Ps 103:20-21, Ps 148:2, Es 6:2-3, Ez 3:12, Dn 7:10, Lc 15:10, Ep 3:10, He 1:14, 1P 1:12, Ap 5:11
Réciproques : Gn 2:1, Lv 9:21, 1R 6:29, 1R 18:15, 1Ch 16:31, Ps 96:11, Ps 148:1, Es 49:13, Lc 2:28, Lc 15:6, Jn 1:51, Ac 2:2, Ac 10:3
2:14 Lc 19:38, Ps 69:34-35, Ps 85:9-12, Ps 96:11-13, Es 44:23, Es 49:13, Jn 17:4, Ep 1:6, Ep 3:20-21, Ph 2:11, Ap 5:13, Lc 1:79, Es 9:6-7, Es 57:19, Jr 23:5-6, Mi 5:5, Za 6:12-13, Jn 14:27, Ac 10:36, Rm 5:1, 2Co 5:18-20, Ep 2:14-18, Col 1:20, He 13:20-21, Jn 3:16, Ep 2:4, Ep 2:7, 2Th 2:16, Tt 3:4-7, 1Jn 4:9-10
Réciproques : Lv 23:20, Nb 6:26, Dt 33:16, 1R 2:33, 1R 4:24, 1R 6:29, 1R 18:15, 2R 20:19, 1Ch 16:31, Ps 72:7, Ps 85:10, Ps 85:11, Ps 96:7, Ps 103:20, Ps 148:1, Ps 149:6, Es 55:13, Es 62:3, Es 63:14, Ez 20:41, Na 1:15, Ag 2:9, Mt 6:9, Mt 21:9, Mc 11:10, Lc 2:28, Lc 15:6, Jn 16:33, Ac 7:2, Rm 10:15, Rm 11:36, 1Co 14:33, 2Co 1:20, 2Co 9:15, Ga 1:5, Ga 1:24, Ep 1:17, Ep 2:17, Ph 4:7, 2Th 3:16, 1Tm 1:11, He 2:10, He 7:2, Ap 12:12
2:15 Lc 24:51, 2R 2:1, 2R 2:11, 1P 3:22, Ex 3:3, Ps 111:2, Mt 2:1-2, Mt 2:9-11, Mt 12:42, Jn 20:1-10
Réciproques : 2R 2:12
2:16 Lc 1:39, Ec 9:10, Lc 2:7, Lc 2:12, Lc 19:32, Lc 22:13
Réciproques : Mt 2:11, Mt 8:20, Lc 19:6
2:17 Lc 2:38, Lc 8:39, Ps 16:9-10, Ps 66:16, Ps 71:17-18, Ml 3:16, Jn 1:41-46, Jn 4:28-29
2:18 Lc 2:33, Lc 2:47, Lc 1:65-66, Lc 4:36, Lc 5:9-10, Es 8:18
2:19 Lc 2:51, Lc 1:66, Lc 9:43-44, Gn 37:11, 1S 21:12, Pr 4:4, Os 14:9
Réciproques : Gn 24:21, Jb 22:22, Ps 119:11, Pr 2:1, Pr 24:32, Dn 7:28, Lc 1:29
2:20 Lc 18:43, Lc 19:37-38, 1Ch 29:10-12, Ps 72:17-19, Ps 106:48, Ps 107:8, Ps 107:15, Ps 107:21, Es 29:19, Ac 2:46-47, Ac 11:18
Réciproques : Ps 13:5, Ps 22:23, Mt 2:10, Lc 2:28, Lc 7:16

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 2
  • 2.1 Or il arriva, en ces jours-là, qu'un décret fut publié de la part de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. Chapitre 2.
    1 à 20 Naissance de Jésus.
    En ces jours-là, expression un peu vague, désignant l'époque qui suivit la naissance de Jean-Baptiste ; celle-ci eut lieu six mois avant la naissance de Jésus. (Luc 1.36)
    - Grec : toute la terre habitée être enregistrée.
    Cette expression désigne l'empire romain, qu'on appelait souvent le monde romain, ou simplement le monde, parce qu'il renfermait tout le monde civilisé.
    Un tel recensement consistait dans l'enregistrement de la population de chaque province, de chaque ville, ainsi que des biens des habitants. Il était destiné à faciliter la perception des impôts.
    - Cet événement de l'histoire amena l'accomplissement des prophéties, d'après lesquelles Jésus devait naître à Bethléhem. (Matthieu 2.5) La naissance d'un enfant, qui n'était pas prévue dans cette grande mesure politique, allait changer la face du monde.
    - La critique a fait à ce récit de Luc diverses objections. Elle lui a opposé d'abord le fait que les historiens du temps ne mentionnent pas ce recensement, qui pourtant était d'une grande importance.
    Mais on sait ce que valent les conclusions fondées uniquement sur le silence. Et si l'histoire n'a pas rapporté spécialement le recensement dont il s'agit ici, elle permet de constater que ce même César Auguste s'était longuement occupé de travaux de statistique ; il avait laissé à sa mort un état des ressources de tout l'empire, qui fut communiqué au sénat et qui renfermait le chiffre "de la richesse publique, des citoyens, des alliés sous les armes, des flottes, des royaumes, des provinces des tributs ou impôts." (Tacite, Ann. I, 11.)
    On objecte encore qu'une telle mesure n'aurait pas dû comprendre la Judée, qui, sous le gouvernement d'Hérode, n'avait point encore été réduite en province romaine. Mais il ne faut pas oublier que ce prince, qui ne régnait que par la faveur de l'empereur, ne jouissait que d'une indépendance très relative. Depuis la prise de Jérusalem par Pompée, les Juifs payaient un tribut à l'empire et prêtaient serment de fidélité à l'empereur. (Josèphe, Antiq. XVII, 2, 4.)
    Pourquoi donc César Auguste n'aurait-il pas appliqué son décret au gouvernement d'Hérode, qu'il considérait plutôt comme son vassal que comme un prince souverain ? Seulement, on peut admettre que l'exécution de cette mesure fut confiée, non à des Romains, mais à des Juifs, serviteurs d'Hérode, ce qui ferait comprendre pourquoi elle provoqua moins d'opposition qu'un autre recensement plus récent (voir la note suivante) et pourquoi, selon l'usage des Juifs, Joseph et Marie durent se rendre à Bethléhem, leur lieu d'origine. (Voir, pour plus de détails et de preuves historiques, Godet, Commentaire sur l'évangile de saint Luc.)
  • 2.2 Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Cette remarque, incidemment jetée dans le récit, a donné lieu à un reproche adressé à Luc. Il aurait commis une double erreur : d'abord, en confondant le recensement dont il parle avec un autre qui eut lieu dix ans plus tard, sous le gouvernement de Quirinius, et ensuite, en admettant que ce personnage était déjà gouverneur de Syrie à l'époque dont il parle.
    Il y a là, en effet, une sérieuse difficulté et l'on remplirait des volumes de tout ce qui a été écrit pour l'aplanir.
    Mais il faut remarquer que la première de ces erreurs, c'est-à-dire la confusion des deux recensements, n'existe pas.
    En effet, le but évident de Luc, dans ce verset, est précisément d'établir une distinction entre les deux recensements ; car dire que ce fut ici le premier suppose nécessairement qu'il y en eut un second. Ce second eut lieu, en effet, comme le rapporte l'historien Josèphe (Antiq. XVIII, 1), non sous le règne d'Hérode, mais après la destitution d'Archélaüs, et lorsque la Judée, devenue province romaine, eut été placée sous l'autorité de Quirinius, gouverneur de Syrie.
    Ce recensement, resté célèbre dans l'histoire juive, parce qu'il donna lieu à une révolte sanglante du peuple, était connu de tout le monde ; et Luc l'ignorait moins que personne, puisqu'il en parle avec détail dans le livre des Actes (Actes 5.37) où il nomme le principal auteur de cette révolte, "Judas le Galiléen, aux jours du dénombrement."
    - Il ne reste donc que l'erreur de chronologie qui fait Quirinius gouverneur de Syrie sous le règne d'Hérode, à l'époque de la naissance de Jésus. Cette erreur est considérable ; aussi a-t-on eu recours pour l'expliquer à toutes les ressources de la critique du texte et de l'exégèse. Le texte offre bien quelques légères variantes, mais qui sont sans importance pour la question.
    Plusieurs critiques, Tholuck, de Pressensé, en prenant le mot premier (recensement) dans un sens différent, ont cru pouvoir traduire ainsi : "Ce recensement eut lieu avant que Quirinius fût gouverneur de Syrie."
    D'autres interprètes, en changeant un simple accent grec au premier mot de la phrase, traduisent au lieu de : ce recensement, "le premier recensement luimême" (celui qu'on appelle premier depuis la domination romaine et qui est si connu), "eut lieu sous le gouvernement de Quirinius."
    Le verset 2 serait d'après M. Godet, qui a recours à cette accentuation, "une parenthèse explicative que Luc a intercalée de son chef dans le récit tiré du document qu'il employait. Il importait à Luc de bien distinguer le cens dont il parlait ici de cet autre cens postérieur et de rappeler que, malgré ce nom de premier dénombrement, sous lequel celui-ci était resté gravé dans la mémoire du peuple, il y en avait eu auparavant un autre, généralement oublié, accompli dans de tout autres conditions."
    - Ceux qui estimeront ces tentatives d'explication, sinon inadmissibles, du moins quelque peu forcées, trouveront plus simple de supposer que Quirinius, qui, on le sait par l'histoire (Tacite Ann. III,48), eut les honneurs du triomphe pour une victoire remportée à cette époque sur une peuplade de Cilicie, exerça déjà alors un commandement en Syrie et présida comme commissaire impérial au recensement dont parle Luc.
    Le mot traduit ici par gouverneur s'appliquait à toute charge élevée dans l'Etat. Cette explication, en faveur de laquelle on peut faire valoir des raisons sérieuses, est celle de Hug, Neander. (Voir le Commentaire de M. Godet sur notre passage.)
    - Ceux qu'aucune de ces interprétations ne satisfait, attribuent à Luc, sur ce point, un défaut de mémoire, qu'il est bien difficile d'admettre à propos de faits d'une si grande notoriété, surtout en présence de sa déclaration si positive, d'après laquelle il a "suivi avec exactitude toutes ces choses dès l'origine." (Luc 1.3)
  • 2.3 Et tous allaient pour être enregistrés, chacun dans sa propre ville. Non celle de son domicile, mais celle de son origine.
    - Ceci aussi prouve que le recensement se fit, non par des employés romains, qui l'auraient effectué pour chacun au lieu de son domicile, mais par des Juifs, serviteurs d'Hérode, qui inscrivaient les habitants dans leur tribu et à leur lieu d'origine. (Voir verset 4)
  • 2.4 Or Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui est nommée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David ; Voir sur Nazareth Matthieu 2.23, note, et sur Bethléhem Matthieu 2.1, note et 1Samuel 16.1 ; 17.12.
    - Les mots : maison et famille de David ne sont pas synonymes.
    Tous les descendants de chacun des douze fils de Jacob formaient une tribu ; les fils de ces patriarches, divisés en branches diverses, formaient les familles ; enfin, les diverses familles provenant de chaque branche étaient les maisons.
    Par les deux termes dont il se sert, Luc veut marquer que Joseph appartenait à la famille de David et descendait directement de lui.
  • 2.5 pour être enregistré avec Marie, sa femme, qui lui avait été fiancée, laquelle était enceinte. Marie était bien alors la femme de Joseph ; (Matthieu 1.24) Sin., B, D omettent : sa femme, mais il est plus probable que ce mot ait été retranché qu'ajouté postérieurement : "sa femme qui lui avait été fiancée," ou "sa femme fiancée."
    Luc, par ces termes, exprime exactement et délicatement la pensée de Matthieu. (Matthieu 1.25)
  • 2.7 et elle enfanta son fils premier-né et elle l'emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie. L'accord de Luc avec Matthieu dans l'emploi de ce terme : fils premier-né, est remarquable. (Matthieu 1.25, note.) Ce terme implique que Marie a eu d'autres enfants après celui-ci.
    Peut-être n'y avait-il à Bethléhem qu'une seule hôtellerie, qui se trouvait remplie d'étrangers, par la même cause qui y avait amené Joseph et Marie ; ou bien, s'il y en avait plusieurs, ils avaient dû, dans leur pauvreté, choisir la plus modeste. Le terme employé par Luc peut désigner aussi un logement dans une maison amie. (Luc 22.11)
    De ce que le petit enfant fut couché dans une crèche, on a conclu, avec assez de vraisemblance, que ses parents habitaient l'étable où elle se trouvait.
    Selon une ancienne tradition, provenant de Justin et d'Origène, c'était une grotte située près de la ville, et sur laquelle Hélène, mère de Constantin fit plus tard bâtir une église. (Voir Robinson, Voyage en Palestine et en Syrie, p. 159 et suivants ; Ph. Bridel, la Palestine illustrée, II)
    Celui qui devait renouveler la face du monde naquit dans une crèche, et mourut sur une croix !
  • 2.8 Et il y avait dans la même contrée des bergers qui demeuraient aux champs et gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit. Grec : qui veillaient les veilles de la nuit sur leur troupeau. La nuit était divisée en quatre veilles de trois heures. (Matthieu 14.25 ; Luc 12.38)
    L'usage de passer la nuit en plein air avec les troupeaux existe encore en Orient.
  • 2.9 Et un ange du Seigneur se présenta à eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux, et ils furent saisis d'une grande crainte. Le mot grec que nous traduisons par : se présenta à eux, signifie littéralement : se trouva là avec eux.
    Il s'applique à des apparitions d'anges, (Luc 24.4 ; Actes 12.7) mais il se dit aussi (Luc 20.1) d'hommes qui surviennent inopinément.
    - Par la gloire du Seigneur, il faut entendre une lumière céleste, symbole de celle que Jésus apportait à la terre.
    "En toute humiliation de Christ se produit quelque grande protestation de sa gloire divine." Bengel.
    Sur la crainte des bergers, voir Luc 1.12, note.
  • 2.10 Et l'ange leur dit : Ne craignez point, car voici je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie, qui sera pour tout le peuple : Grec : je vous évangélise une grande joie, termes dont le sens est rendu dans notre version. Cette grande joie, joie du salut, est destinée par Dieu à tout le peuple ; le peuple d'Israël d'abord, qui, tout entier, aurait pu la recevoir ; le peuple de Dieu ensuite, recueilli du sein de toutes les nations.
  • 2.11 C'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, qui est Christ, Seigneur. Un Sauveur, voilà le mot principal de ce message de l'ange, le sujet de la grande joie qu'il annonce. Les bergers doivent savoir encore que ce Sauveur est Christ, Oint de Dieu, le Messie qu'ils attendaient avec tous les Israélites pieux (Comparer Matthieu 1.16, note.) Il est enfin Seigneur, "le Seigneur de tous," (Actes 10.36) celui que toute langue doit confesser comme tel. (Philippiens 2.11)
    Il ne faut jamais oublier que, dans la version grecque des Septante, d'où le langage du Nouveau Testament est tiré, le mot de Seigneur est la traduction constante du nom de Jéhova.
    La juxtaposition des termes : Christ Seigneur, sans et, paraît étrange.
    On a supposé que nous avions ici la traduction erronée de l'expression hébraïque : "Messie (de) Jéhova," expression qui aurait été exactement rendue au verset 26. N'y aurait-il pas plutôt une faute dans le texte, qu'on devrait corriger d'après le verset 26 ? Les manuscrits, il est vrai, ne présentent pas trace de variante.
    Les mots : dans la ville de David rappelaient à des Israélites la prophétie qui venait de s'accomplir. (Michée 5.2)
  • 2.12 Et ceci en sera pour vous le signe : vous trouverez un petit enfant emmailloté dans une crèche. Ce signe était bien suffisant pour que les bergers trouvassent, dans le village de Bethléhem et dans une crèche, un petit enfant qui venait de naître. (aujourd'hui, verset 11)
    Par là aussi le Sauveur nouveau-né se trouvait à leur portée ; il leur était accessible dans leur humble position. Si on leur avait annoncé sa naissance dans le palais d'Hérode, ils n'y seraient pas allés ou n'y auraient pas été admis.
    - Un petit enfant, c'est le signe de notre humanité ; une crèche, c'est le signe de la pauvreté : double abaissement du Fils de Dieu et du Fils de l'homme !
    La plupart des manuscrits portent : "emmailloté et couché dans une crèche." Les mots soulignés manquent dans Sin., D ; ils ont été ajoutés d'après le verset 7.
  • 2.13 Et soudain, il y eut, avec l'ange, une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant : L'armée céleste, ce sont les anges, intelligences pures et heureuses, dont Dieu a rempli le monde invisible et dont il fait ses messagers. (1Rois 22.19 ; 2Chroniques 18.18 ; Psaumes 103.21 ; Matthieu 26.53)
    Ces anges prennent part avec amour à la grande œuvre de notre rédemption ; (Luc 15.10 ; Hébreux 1.14) ils se retrouvent, exerçant un saint ministère, dans les moments les plus solennels de la vie du Sauveur. (Luc 1.19,26 ; Matthieu 4.11 ; Luc 22.43 ; 24.4 ; Actes 1.10)
    Ici, des anges sont les premiers prédicateurs de l'Evangile ; des bergers en sont les premiers auditeurs. Petitesse et grandeur, tels sont les deux caractères de ces inimitables récits. (verset 9, note.)
  • 2.14 Gloire à Dieu, dans les lieux très hauts et paix sur la terre ! bienveillance envers les hommes ! En conservant la leçon du texte reçu, ce magnifique cantique se divise naturellement en trois sentences, dont les deux premières sont parallèles, et dont la troisième indique la cause ou le fondement des deux autres.
    Par la rédemption du monde que chantent les anges, Dieu s'est glorifié dans les lieux très hauts, aux yeux des anges et des justes ; (Luc 19.38 ; Ephésiens 3.10) la paix est faite sur la terre, car les hommes se sont réconciliés avec Dieu et les uns avec les autres.
    Enfin, il en est ainsi, grâce à la manifestation de la miséricorde infinie de Dieu, de sa bienveillance envers les hommes ; tel a été son bon plaisir. Il faut remarquer l'harmonie de ces contrastes : gloire et paix, dans les lieux très hauts et sur la terre, Dieu et les hommes.
    Et ce n'est pas un vœu qu'expriment les anges : ils chantent ce qui est, dans le dessein de Dieu, et ce qui sera pleinement réalisé en tous ceux qui auront part à la rédemption qu'ils annoncent. Jusque-là, nous pouvons et devons faire des vœux et des prières pour le plein accomplissement de cette œuvre divine.
    - Ce verset présente une variante qui se lit dans Sin., A, B, D, l'Itala, et qui est admise par la plupart des critiques. Elle donne au dernier membre de la phrase un autre tour et, si l'on adopte l'explication vulgaire, un sens tout différent : Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.
    Nous aurions donc ici l'expression, non de la bienveillance de Dieu, de son amour, mais d'une disposition du cœur de l'homme nécessaire pour avoir la paix. La Vulgate a popularisé en France cette version, qui convient parfaitement aux tendances pélagiennes du catholicisme. Mais la leçon du texte reçu a pour elle des autorités critiques considérables, la plupart des majuscules et des versions.
    Et même en admettant la variante, il faut traduire : aux hommes de la bienveillance (de Dieu), ou, comme Rilliet : "parmi les hommes de prédilection," car le mot grec exprime, non un sentiment de l'homme envers Dieu, mais une disposition miséricordieuse de Dieu envers l'homme. (Matthieu 11.26 ; Ephésiens 1.5,9 ; Philippiens 2.13) Il en est ainsi du verbe formé de la même racine. (Matthieu 3.17 ; 17.5 ; Marc 1.11 ; Luc 3.22)
  • 2.15 Et il arriva, lorsque les anges s'en furent allés d'avec eux dans le ciel, que les bergers se dirent les uns aux autres : Allons donc jusqu'à Bethléhem, et voyons cet événement qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. Le texte reçu avec A, D, majuscules porte ici : les hommes aussi, les bergers, se dirent, etc. Si cette leçon est authentique, elle établit un contraste entre les anges et les hommes ; les anges se retirent ; et les hommes s'empressent de suivre la révélation qu'ils viennent de recevoir.
    Grec : "voyons cette parole qui est arrivée, ou accomplie, et que le Seigneur nous a fait connaître."
    Il est possible qu'il ne faille voir dans les termes soulignés qu'un hébraïsme, signifiant la chose qui vient de nous être annoncée ; mais comme c'est la parole des anges qui importe aux bergers, et qu'ils veulent vérifier en allant à Bethléhem, il est possible aussi que Luc prenne le mot dans ce sens.
  • 2.16 Et ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. Le verbe : ils trouvèrent est composé d'une particule grecque qui indique une découverte successive : ils aperçurent Marie, puis Joseph, puis le petit enfant.
    - Peut-être aussi Marie est-elle nommée avant Joseph, parce que c'était la mère qui, avec le petit enfant, importait le plus aux bergers.
  • 2.17 Et l'ayant vu, ils firent connaître la parole qui leur avait été dite au sujet de ce petit enfant, Dans l'original, ayant vu n'a pas de régime.
    - Ainsi les bergers furent les premiers d'entre les hommes à annoncer ce que Dieu venait de révéler.
  • 2.19 Mais Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur. Il faut remarquer ce : Mais Marie, effacé par la plupart de nos versions ; il indique le contraste entre ce qui se passe en elle et l'étonnement encore très extérieur et superficiel de ceux qui entendirent les récits des bergers.
    Pour elle, elle conservait toutes ces choses sans en rien perdre, et elle les méditait (grec les comparait) dans son cœur.
    Elle comparait ce qui lui avait été divinement annoncé, neuf mois auparavant, avec ce qui lui arrivait et son cœur était pénétré de la fidélité de Dieu dans l'accomplissement de sa parole. M. Godet voit dans cette remarque du verset 19 l'indice que tout ce récit a pour auteur Marie elle-même.
  • 2.20 Et les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit. Les bergers aussi savent maintenant qu'il y a pleine harmonie entre ce qui leur a été dit et ce qu'ils ont entendu et vu.
    Le premier de ces verbes se rapporte sans doute au récit qu'on leur a fait des circonstances extraordinaires qui ont précédé la naissance de Jésus ; le second, à ce qu'ils ont pu contempler de leurs propres yeux. Voilà pourquoi ils glorifient et louent Dieu.