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Comprendre les dérèglements nutritionnels
9. Le processus de guérison

Auteur :
Type : Dossier
Thème : Santé & Psychologie
Source : Aimer & Servir
Réf./Date source : 107-109  
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Comprendre les dérèglements nutritionnels
  2. L'anorexie : causes et effets
  3. La boulimie : causes et effets
  4. L'obsession de manger ou la compulsion alimentaire
  5. Le contexte familial
  6. Relations entre troubles du comportement alimentaire et sexualité
  7. Témoignage de Helena WILKINSON
  8. Le processus de guérison

Une personne a besoin de guérir sur les trois plans : physique, affectif et spirituel. Si elle n'est aidée que dans un seul domaine, le bénéfice sera très limité.

Veiller à son corps et à son alimentation

Les troubles du comportement alimentaire affectent la personne physiquement ; il est donc sage de consulter un médecin, surtout si le problème est grave. Il est très difficile d'avoir des entretiens avec une personne dont le poids est très bas, car elle souffre souvent de fatigue mentale ; ces personnes auront besoin d'un traitement médical avant de commencer une relation d'aide.

Une aide diététique sera également très utile ; car les troubles du comportement alimentaire peuvent entraîner des conséquences somatiques. Les carences en vitamines sont à l'origine de symptômes divers. Entre autres, la carence en vitamine B se retrouve souvent dans les cas de dépression, de stress : des symptômes psychologiques se présentent ; par conséquent il sera nécessaire dans certains cas d'administrer aux malades des compléments en vitamines, en sels minéraux, etc.

Faire face à ses sentiments

Pour guérir, la personne doit comprendre le rôle de ses sentiments. Il s'agira peut être là d'un itinéraire difficile, mais il est indispensable d'arriver à la compréhension de la diversité des sentiments, et de la manière de les aborder sans recourir à un trouble du comportement alimentaire. Une personne qui, par exemple, a subi de graves traumatismes dans l'enfance, et qui souffre d'anorexie ou de boulimie parce qu'elle ne peut pas s'exprimer à ce sujet, a besoin d'une aide qui lui permette de parler de ses blessures, de manière à les dépasser. Mais comment faire pour aider ces personnes à prendre conscience de leurs sentiments ? Beaucoup d'entre elles vivent dans le déni ; ce qui les maintient dans leur comportement.

Une jeune fille de 19 ans vivait chez ses parents adoptifs. Elle avait subi de mauvais traitements de la part de l'ami de sa mère, car ses parents avaient divorcé. Elle ne savait pas comment prendre la vie, et craignait terriblement de grandir. Elle est devenue anorexique : on l'a alors hospitalisée, et nourrie de force, ce qui l'a conduite à la boulimie. Elle ne savait pas pourquoi elle se comportait ainsi ; donc le rôle de la personne qui s'occupait d'elle dans la relation d'aide a été de l'aider à faire le lien entre ses traumatismes infantiles et sa boulimie, pour qu'elle puisse abandonner ce comportement. Comme il était très difficile de dialoguer avec elle, nous avons utilisé le dessin de diverses façons. Elle avait parlé de sa vie comme d'un gouffre noir, mais ce n'est pas cette affirmation qui allait suffire à l'aider. Nous devions comprendre de quoi il s'agissait ; alors nous lui avons demandé de le dessiner. Elle a dessiné un gouffre et au fond, une petite croix qui la représentait elle. En haut, c'était la vie ; elle en avait peur, elle s'en isolait. La cabane où elle se trouvait, c'était sa boulimie, sa protection contre les blessures qui pourraient venir de la vie. Nous lui avons demandé : "Y at il une poignée à la porte ?" Elle en a dessiné une, à l'intérieur. Cela signifiait que c'était elle qui avait la réponse à ses problèmes ; lorsqu'elle serait prête, elle ouvrirait la porte de l'intérieur, gravirait l'échelle et entrerait dans le monde.

Lorsqu'elle a dessiné cela, elle était encore terrifiée à la seule idée du dénouement. Mais la relation d'aide avait pour but de l'aider à trouver un autre moyen d'affronter la vie, de sortir de son gouffre, d'établir des relations avec les autres, et, tout d'abord, d'ouvrir la porte. Cela signifiait prendre des risques, apprendre à communiquer, à exprimer ses sentiments au lieu de se précipiter sur la nourriture. Lors de nos entretiens, elle me décrivait comment elle avait avalé un tas d'aliments, puis s'était fait vomir. Je lui ai demandé ce qui s'était passé juste avant cela ; elle m'a répondu que, souvent, elle avait été blessée, ou incomprise par d'autres, et qu'au lieu d'en parler, elle s'était bourrée de nourriture. Progressivement, elle apprit que ce comportement n'était pas inéluctable, mais qu'elle pouvait, par exemple, décrocher le téléphone, et parler à quelqu'un ; qu'elle pouvait comprendre mieux ce qui se passait en elle et acquérir de la confiance et une force intérieure.

Une autre manière de rendre les gens conscients de leurs sentiments est de leur montrer le dessin d'un arbre avec des personnages. Ce dessin a été montré à une jeune fille anorexique de 16 ans, qui en souffrait depuis l'âge de 8 ans ! Elle avait été hospitalisée onze fois, et un psychiatre lui avait dit qu'elle ne guérirait pas. Elle avait subi des violences sexuelles lorsqu'elle était dans un home pour enfants ; mais ne faisait aucune relation entre ce qui lui était arrivé et son anorexie. Elle ne parlait jamais de ce qu'elle ressentait. Elle était assise, comme d'habitude, avec tous ses cheveux ramenés vers l'avant et cachant son visage, complètement repliée sur elle même. Nous lui avons demandé si elle se reconnaissait dans un de ces personnages, elle a réfléchi et dit : "Oui, celui là, parce qu'il nous tourne le dos ; on ne voit pas son visage". C'était exactement ce qu'elle faisait. Elle ajouta : "Il se sent seul, il est en colère et il a peur". Puis elle a pu dire : "Je me sens seule, et j'ai peur": Et peu à peu, elle a commencé à comprendre que son anorexie était une forme de protection, une manière de réagir. Puis, nous avons cherché, d'autres manières de réagir. Personne ne pouvait changer le passé, ni l'arracher à ce home d'enfants, mais elle pouvait apprendre à affronter la vie. Lorsqu'elle a trouvé ce nouveau moyen, elle a pu abandonner l'anorexie. Elle a commencé à parler ; elle a appris qu'elle pouvait exprimer sa colère, sans pour cela blesser ni les autres, ni elle-même. Elle a découvert qu'elle avait de l'importance, qu'elle était aimée, acceptée, et qu'elle n'avait pas besoin de l'anorexie pour cela.

Ce processus est un peu difficile à expliquer ainsi ; une manière de mieux comprendre comment aider un patient souffrant de troubles du comportement alimentaire serait d'observer quelqu'un qui pratique la relation d'aide ; car il n'y a pas de principes à appliquer simplement.

Faire des choix

Le changement est nécessaire dans quatre domaines : celui du corps, celui des émotions, celui de la gestion des sentiments, et celui du comportement. Il s'agit de faire des choix. Le trouble du comportement alimentaire procure quelque chose de particulier au patient, et, lorsque ce dernier comprend de quoi il s'agit, il peut commencer à faire d'autres choix. Beaucoup d'entre ces patients ont l'impression de ne pas avoir le choix, mais cette notion est capitale, et une grande partie du processus de guérison consiste en cette prise de conscience que le choix est possible. Lorsqu'on me blesse : j'ai le choix soit d'accuser le coup et de punir mon corps, soit de parler, de pardonner et de "lâcher prise".

Comprendre ce qui se passe dans les pensées

Il y a un lien entre les pensées et les sentiments. Un psychologue a élaboré "la théorie ABC de l'émotion" qui me semble beaucoup aider les victimes "de troubles" du comportement alimentaire. Il explique que lorsqu'un événement survient, la plupart des gens pensent: "A cause de ce qui vient d'arriver, je vais éprouver tel sentiment": Mais la réalité est autre : lorsqu'un événement survient, nous le percevons d'une certaine façon, puis nous éprouvons un sentiment : ce qui signifie que notre façon d'interpréter l'événement aura une influence sur ce que nous allons ressentir. Voici un exemple : dans la rue, un ami passe à côté de moi sans me saluer. Je peux alors me sentir vraiment blessée, mais en réalité, la blessure provient de ce que je me suis dit à moi même, et non du fait qu'il ne s'est pas arrêté. Le message intérieur ressemblerait à : "il l'a fait exprès, il ne m'aime pas" et la dépression s'installe ! Mais si j'examine ce qui s'est passé d'une façon plus réaliste, je vais me dire : "Il est très pressé ; et il ne m'a pas vue" : Et là, je ne déprimerai pas!

Cela prouve que l'on peut modifier ses sentiments. Le mode de pensée est à l'origine de beaucoup de dépressions, à l'origine desquelles ce ne sont pas les circonstances, mais la façon de les percevoir négativement qui influent sur les sentiments. Ce principe de la modification des sentiments est en fait tiré de la Bible ; en Romains 12:2 il est parlé du "renouvellement de l'intelligence" : En psychologie, on appelle ce dialogue intérieur "se parler à soi" : il parait que ce phénomène se déroule à la cadence de 1300 mots à la minute ! Et si ce dialogue ressemble à : "Je ne vaux rien, je suis horrible, la vie est sans espoir, personne ne m'aime, je suis un raté, je fais tout échouer, etc.", il n'est pas étonnant que l'on déprime après cela ! Pour guérir, il est indispensable de modifier cette façon de penser ; la plupart des messages négatifs que nous ressassons viennent de l'enfance.

Poursuivre la vie : le domaine spirituel

Guérir n'est pas seulement changer de comportement, mais aussi croître et atteindre la maturité. Un psychologue américain a dit : "La maturité ne consiste pas en l'absence de luttes, mais en la capacité de lutter de façon adéquate ; ce n'est pas l'absence de souffrance, mais la capacité de connaître Dieu au milieu de celle ci". Une raison majeure du choix du comportement alimentaire réside en ce que les personnes qui le font veulent absolument échapper à la souffrance ; or, l'important, dans la vie, consiste à apprendre à utiliser la souffrance de manière positive, et non destructrice pour soi même. La maturité devient également possible si l'on se tourne vers Dieu, pour que ce soit lui qui satisfasse nos besoins. Au coeur du problème, se situe souvent un vide intérieur immense et, comme nous avons été créés à l'image de Dieu, Lui seul peut le combler. De nombreux comportements de dépendance sont, en fait, des tentatives infructueuses pour combler ce vide. Un autre moyen de guérir consiste à abandonner le contrôle de notre vie et à reconnaître que c'est Dieu qui contrôle tout, et pas nous. Un facteur de guérison également capital (et qui n'est pas aisément admis !) est le pardon. Si quelqu'un nous blesse, cela va entraîner chez nous de l'amertume ; ce sentiment est destructeur, pour soi même comme pour les autres. Mais si le pardon intervient, alors la guérison devient possible.

La repentance est un facteur de guérison qui, lui, risque d'être mal compris. Il s'agit en fait de nous repentir d'avoir essayé de vivre à notre façon, de manière indépendante de Dieu. D'après le Psaume 121, c'est Dieu qui nous guérit, qui nous soutient. D'après ma propre expérience, vous pourrez utiliser beaucoup de principes psychologiques, mais il n'y aura pas de liberté totale dans votre vie, à moins que ce ne soit Dieu qui vous l'apporte, et Il est le seul à pouvoir le faire. Les troubles du comportement alimentaire cachent un élément spirituel qu'il est de la plus haute importance de régler. Floyd M'Clung écrit dans son livre "Dieu, un coeur de Père"

"Lorsque nous arrivons enfin au bout de notre possible, alors nous pouvons voir Dieu faire l'impossible". Dieu est le plus grand des thérapeutes ; comme beaucoup de personnes, je souffrais de blessures qui ne pouvaient être guéries que par Lui. Je l'ai vu faire des miracles.

Il nous est impossible par nous-même de pardonner vraiment ; ce n'est que l'oeuvre de Dieu en nous qui peut le faire ; car lorsqu'on a subi des violences, notre nature ne nous permet pas d'accorder pleinement le pardon ; mais si nous ne l'accordons pas, nous sommes piégés. J'évoque ici le cas d'une jeune fille qui a subi des atrocités dans son enfance. Elle refusait de pardonner, et s'accrochait à son amertume ; elle voulait ainsi prouver à tous combien les choses qu'elle avait vécues étaient terribles ; la seule façon de le prouver, c'était de mourir. Et elle en est morte. Mais le plus grand témoignage aurait été de pardonner ; c'est cela qui aurait parlé à son entourage, et non pas la vengeance par la mort. Voilà donc mon message aujourd'hui : Dieu peut guérir et notre vie peut être libérée dans tous les domaines.

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