Lueur.org - Un éclairage sur la foi

Luc 1:1-23 (Annotée Neuchâtel)

   1 Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des faits qui ont été pleinement certifiés parmi nous, 2 conformément à ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, ont été témoins oculaires et ministres de la parole ; 3 il m'a semblé bon, à moi aussi, qui ai suivi avec exactitude toutes ces choses dès l'origine, de te les écrire dans leur ordre, très excellent Théophile ; 4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.
   5 Il y eut, aux jours d'Hérode, roi de Judée, un sacrificateur nommé Zacharie, de la classe d'Abia ; et sa femme était d'entre les filles d'Aaron, et elle s'appelait Elisabeth. 6 Or ils étaient l'un et l'autre justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur d'une manière irréprochable. 7 Et ils n'avaient pas d'enfant, parce qu'Elisabeth était stérile, et qu'ils étaient tous deux avancés en âge. 8 Or il arriva, pendant qu'il exerçait la sacrificature devant Dieu, dans l'ordre de sa classe, 9 que, selon la coutume de la sacrificature, il lui échut par le sort d'offrir le parfum après être entré dans le temple du Seigneur. 10 Et toute la multitude du peuple était dehors en prières, à l'heure du parfum. 11 Or un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout au côté droit de l'autel des parfums. 12 Et Zacharie fut troublé en le voyant, et la crainte le saisit. 13 Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée ; et Elisabeth ta femme t'enfantera un fils et tu l'appelleras du nom de Jean ; 14 et il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance ; 15 car il sera grand devant le Seigneur ; et il ne boira ni vin ni cervoise, et il sera rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère. 16 Et il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur leur Dieu ; 17 et il marchera devant lui dans l'esprit et dans la puissance d'Elie, pour ramener les coeurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. 18 Et Zacharie dit à l'ange : A quoi connaîtrai-je cela ? Car je suis un vieillard, et ma femme est avancée en âge. 19 Et l'ange répondant lui dit : Je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et pour t'annoncer ces bonnes nouvelles. 20 Et voici, tu garderas le silence et ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront ; parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps. 21 Et le peuple attendait Zacharie, et ils s'étonnaient de ce qu'il tardait si longtemps dans le temple. 22 Et étant sorti, il ne pouvait leur parler, et ils reconnurent qu'il avait eu une vision dans le temple, et lui-même le leur faisait entendre par des signes ; et il demeurait muet. 23 Et il arriva, lorsque les jours de son ministère furent accomplis, qu'il s'en alla en sa maison

Références croisées

1:1 Jn 20:31, Ac 1:1-3, 1Tm 3:16, 2P 1:16-19
Réciproques : Ec 12:10, Lc 1:3
1:2 Lc 24:48, Mc 1:1, Jn 15:27, Ac 1:3, Ac 1:8, Ac 1:21, Ac 1:22, Ac 4:20, Ac 10:39-41, He 2:3, 1P 5:1, 1Jn 1:1-3, Ac 26:16, Rm 15:16, Ep 3:7-8, Ep 4:11-12, Col 1:23-25
Réciproques : Es 22:4, 1Co 3:5, 1Jn 2:24
1:3 Ac 15:19, Ac 15:25, Ac 15:28, 1Co 7:40, 1Co 16:12, Lc 1:1, Ps 40:5, Ps 50:21, Ec 12:9, Ac 11:4, Ac 1:1, Ac 23:26, Ac 24:3, Ac 26:25
Réciproques : Jb 36:4, Pr 22:21, Am 2:11, Mc 1:1, Jn 15:27, Jn 20:30, 1Co 1:26, 2Tm 3:10, 2Jn 1:1
1:4 Jn 20:31, 2P 1:15-16
Réciproques : Pr 22:21, Jn 20:30
1:5 Mt 2:1, 1Ch 24:10, 1Ch 24:19, Ne 12:4, Ne 12:17
Réciproques : Ex 6:23, 2Ch 8:14, 2Ch 31:2, Lc 1:8, 1Tm 3:11, Tt 1:6
1:6 Lc 16:15, Gn 6:9, Gn 7:1, Gn 17:1, Jb 1:1, Jb 1:8, Jb 9:2, Rm 3:9-25, Ph 3:6-9, Tt 3:3-7, 1R 9:4, 2R 20:3, Ps 119:6, Ac 23:1, Ac 24:16, 1Co 11:2, 2Co 1:12, Ph 3:6, Tt 2:11-14, 1Jn 2:3, 1Jn 2:29, 1Jn 3:7, Ph 2:15, Col 1:22, 1Th 3:13, 2P 3:14
Réciproques : Gn 5:22, Gn 6:11, Gn 21:4, Gn 48:15, Ex 36:1, Lv 18:4, Nb 2:34, Dt 4:1, Dt 5:33, Dt 8:6, Dt 11:32, Dt 13:4, Dt 28:1, 2S 22:23, 1R 2:4, 1R 15:5, 2Ch 6:14, 2Ch 17:4, 2Ch 33:8, Ps 15:2, Ps 26:11, Ps 89:30, Ps 103:18, Ps 116:9, Ps 119:1, Ps 128:1, Pr 8:34, Pr 16:31, Pr 20:7, Pr 31:30, Ec 2:26, Ec 6:8, Es 24:5, Es 26:8, Es 33:15, Es 57:2, Ez 11:20, Ez 18:9, Ez 18:21, Ez 33:15, Ml 2:6, Mt 3:15, Mt 6:33, Lc 2:25, Lc 2:39, Lc 22:8, Rm 13:13, Col 2:14, 1Tm 2:2, 1Tm 3:2, Tt 2:12, He 9:1, Jc 1:27
1:7 Gn 15:2-3, Gn 16:1-2, Gn 25:21, Gn 30:1, Jg 13:2-3, 1S 1:2, 1S 1:5-8, Gn 17:17, Gn 18:11, 1R 1:1, 2R 4:14, Rm 4:19, He 11:11
Réciproques : Gn 11:30, Gn 24:1, Gn 29:31, Lv 20:20, Js 13:1, Lc 1:18
1:8 Ex 28:1, Ex 28:41, Ex 29:1, Ex 29:9, Ex 29:44, Ex 30:30, Nb 18:7, 1Ch 24:2, 2Ch 11:14, Lc 1:5, 1Ch 24:19, 2Ch 8:14, 2Ch 31:2, 2Ch 31:19, Esd 6:18
Réciproques : 2R 11:5, 2Ch 23:4, He 9:6
1:9 Ex 30:7-8, Ex 37:25-29, Nb 16:40, 1S 2:28, 1Ch 6:49, 1Ch 23:13, 2Ch 26:16, 2Ch 29:11, He 9:6
Réciproques : Lv 2:1, Lv 10:1, Dt 33:10, 2R 11:5, 2Ch 13:11, 2Ch 23:4, Ps 141:2, Ct 4:6, Lc 18:10, He 10:11
1:10 Lv 16:17, He 4:14, He 9:24, Ap 8:3
Réciproques : Ex 29:39, Ex 37:25, Lv 2:1, Nb 7:32, Nb 13:6, Dt 33:10, Ps 141:2, Ct 4:6, Es 6:2, Ez 46:3, Ml 1:11, Mt 1:20, Lc 18:10, Ac 3:1, He 10:11, Ap 8:4
1:11 Lc 1:19, Lc 1:28, Lc 2:10, Jg 13:3, Jg 13:9, Ac 10:3-4, He 1:14, Ex 30:1-6, Ex 37:25-29, Ex 40:26-27, Lv 16:13, Ap 8:3-4, Ap 9:13
Réciproques : Nb 12:6, Jg 6:12, Mt 14:26, Mt 21:25, Lc 2:9
1:12 Lc 1:29, Lc 2:9-10, Jg 6:22, Jg 13:22, Jb 4:14-15, Dn 10:7, Mc 16:5, Ac 10:4, Ap 1:17
Réciproques : 2S 9:7, Mt 14:26, Mt 28:5, Mc 5:33, Lc 24:5
1:13 Lc 24:36-40, Jg 6:23, Dn 10:12, Mt 28:5, Mc 16:6, Gn 25:21, 1S 1:20-23, Ps 118:21, Ac 10:31, Gn 17:10, Gn 18:14, Jg 13:3-5, 1S 2:21, 2R 4:16-17, Ps 113:9, Ps 127:3-5, Lc 1:60-63, Lc 2:21, Gn 17:19, Es 8:3, Os 1:4, Os 1:6, Os 1:9, Os 1:10, Mt 1:21
Réciproques : Gn 15:1, Gn 16:11, Gn 18:10, Gn 30:17, 2S 9:7, 2R 20:5, 2Ch 7:12, Pr 29:3, Ec 3:2, Ec 3:4, Es 38:5, Es 41:10, Mt 3:1, Lc 1:25, Lc 1:30, Lc 1:31, Lc 1:57, Lc 1:63, Lc 2:10, Lc 24:5, Jn 1:6, Ac 10:4
1:14 Lc 1:58, Gn 21:6, Pr 15:20, Pr 23:15, Pr 23:24
Réciproques : Ec 3:4, Jr 20:15, Lc 7:28
1:15 Lc 7:28, Gn 12:2, Gn 48:19, Js 3:7, Js 4:14, 1Ch 17:8, 1Ch 29:12, Mt 11:9-19, Jn 5:35, Lc 7:33, Nb 6:2-4, Jg 13:4-6, Mt 11:18, Za 9:15, Ac 2:4, Ac 2:14-18, Ep 5:18, Ps 22:9, Jr 1:5, Ga 1:15
Réciproques : Lv 10:9, Nb 6:3, 1R 18:12, 2R 4:8, Pr 20:11, Ec 12:1, Es 49:1, Jr 35:6, Lm 4:7, Ez 44:21, Mt 5:19, Mt 11:11, Mt 20:2, Mc 1:2, Lc 1:32, Lc 1:41, Lc 1:67, Lc 1:80, Lc 7:27, Jn 1:6, Jn 14:26, 2Tm 3:15
1:16 Lc 1:76, Es 40:3-5, Es 49:6, Dn 12:3, Ml 3:1, Mt 3:1-6, Mt 21:32
Réciproques : 1R 18:37, Ps 80:7, Ml 2:6, Ml 4:6, Mt 17:11, Mc 9:12, Lc 1:17, Lc 3:4, Jn 1:23, Jn 3:28, Ac 3:19, Ac 9:17, Ac 9:35, Ac 26:20, 1Co 15:47, Ga 1:15, He 1:8
1:17 Lc 1:16, Jn 1:13, Jn 1:23-30, Jn 1:34, Jn 3:28, Ml 4:5-6, Mt 11:14, Mt 17:11-12, Mc 9:11-13, Jn 1:21-24, Ap 20:4, 1R 17:1, 1R 18:18, 1R 21:20, 2R 1:4-6, 2R 1:16, Mt 3:4, Mt 3:7-12, Mt 14:4, Lc 3:7-14, Ml 4:6, Es 29:24, Mt 21:29-32, 1Co 6:9-11, 1S 7:5, 1Ch 29:18, 2Ch 29:36, Ps 10:17, Ps 78:8, Ps 111:10, Am 4:12, Ac 10:33, Rm 9:23, Col 1:12, 2Tm 2:21, 1P 2:9, 2P 3:11-14, 1Jn 2:28
Réciproques : 1R 18:37, 2R 1:8, 2Ch 19:4, Es 40:3, Jr 31:18, Dn 12:3, Ml 2:6, Ml 3:1, Mt 3:1, Mt 3:3, Mt 3:11, Mt 17:3, Mc 6:15, Mc 9:12, Mc 9:13, Lc 1:76, Lc 3:4, Lc 9:30, Lc 10:1, Jn 1:31, Ac 6:10, Ac 9:17, Ac 9:35, 1Co 15:47, He 1:8, Ap 2:5
1:18 Lc 1:34, Gn 15:8, Gn 17:17, Gn 18:12, Jg 6:36-40, Es 38:22, Lc 1:7, Nb 11:21-23, 2R 7:2, Rm 4:19
Réciproques : Gn 18:11, Gn 18:14, Nb 11:22, 2R 4:16, Rm 4:18, Rm 4:20
1:19 Lc 1:26, Dn 8:16, Dn 9:21-23, Mt 18:10, He 4:14, Lc 2:10
Réciproques : Gn 32:29, Jg 13:6, 1R 17:1, 1R 18:15, Jb 2:1, Ps 103:20, Jr 15:19, Dn 1:5, Za 3:4, Za 4:14, Za 6:5, Mt 1:20, Lc 1:11, Ac 13:32, He 1:14, Ap 8:2, Ap 19:10
1:20 Lc 1:22, Lc 1:62, Lc 1:63, Ex 4:11, Ez 3:26, Ez 24:27, Lc 1:45, Gn 18:10-15, Nb 20:12, 2R 7:2, 2R 7:19, Es 7:9, Mc 9:19, Mc 16:14, Ap 3:19, Rm 3:3, 2Tm 2:13, Tt 1:2, He 6:18
Réciproques : Jb 35:15, Ec 3:2, Dn 10:1, Dn 10:15, Za 8:6, Lc 1:64
1:21 Nb 6:23-27
Réciproques : Gn 30:23, Lv 9:23
1:22 Jn 13:24, Ac 12:17, Ac 19:33, Ac 21:40
Réciproques : Lv 9:23, Nb 12:6, Lc 1:20, Lc 1:62
1:23 2R 11:5-7, 1Ch 9:25
Réciproques : He 1:14

Notes de la Bible Annotée Neuchâtel

A savoir : les notes ne font PAS partie du texte biblique. Plus d'informations
Luc 1
  • 1.1 Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des faits qui ont été pleinement certifiés parmi nous, Les récits de l'enfance
    Chapitre 1.
    Les prédictions
    1 à 4 Préface et dédicace.
    Cette admirable préface de Luc, si précise et si claire dans sa brièveté, si riche de pensées, du style classique le plus pur, et qui rappelle les prologues des grands historiens grecs (Hérodote, Thucydide, Polybe), nous apprend que l'évangéliste a eu plusieurs devanciers, (verset 1) que les faits rapportés par eux et dont il va à son tour entreprendre le récit reposent sur le témoignage apostolique ; (verset 2) qu'il a mis une scrupuleuse exactitude à s'en assurer, (verset 3) enfin qu'il s'est proposé pour but de confirmer les enseignements reçus par Théophile, à qui il dédie son écrit. (verset 4)
    - Dès les premiers mots, il nous indique ce qui lui a inspiré l'idée de son travail : c'est le fait, bien connu alors, que plusieurs avaient déjà entrepris d'écrire des narrations semblables. (Grec : puisque plusieurs ont mis la main à ranger en ordre un récit.)
    Il y a dans ce terme : mettre la main à, entreprendre, que Luc seul emploie dans le Nouveau Testament, mais qui se trouve souvent dans les classiques, le sentiment de la gravité et de la difficulté de cette entreprise. (Actes 19.13)
    Ne s'agit-il pas, en effet, d'écrire la vie du Fils de Dieu ? Voilà pourquoi Luc s'abrite, pour ainsi dire, derrière l'exemple de ceux qui, par un vif et religieux intérêt pour les faits de l'Evangile, s'étaient mis à en conserver par écrit le souvenir.
    Il ne faut donc voir, ni dans ces paroles, ni dans la conclusion que Luc en tire pour lui-même au verset 3, une insinuation sur l'insuffisance ou les imperfections de ces récits précédents ; mais bien pourtant la pensée que, après avoir tout examiné avec tant de scrupule, il peut attendre de son travail un résultat plus complet.
    Mais qui sont ces plusieurs qui, avant Luc, avaient écrit des récits évangéliques ? Ce n'étaient pas des apôtres, puisque ceux-ci sont ici nettement distingués comme "témoins oculaires." (verset 2) Il ne s'agit point du premier évangile, qui est attribué à un apôtre. Le second évangile pourrait être visé par Luc, puisque son auteur n'avait pas été témoin de la vie de Jésus, mais pour d'autres raisons, il est peu probable que Luc en eût connaissance. On ne peut pas songer non plus aux évangiles apocryphes encore existants, et qui ont été écrits plus tard.
    Il s'agit de chrétiens, aujourd'hui inconnus, qui avaient rédigé des souvenirs de la prédication apostolique, et dont les écrits ont disparu à mesure que nos quatre évangiles prévalurent dans l'usage ecclésiastique. Luc a sans doute utilisé ces écrits comme l'une des sources de sa narration.
    - Enfin, quel était l'objet de ces récits qui sera aussi celui de la narration de Luc ? (verset 3) Ce sont les faits, les événements de l'histoire évangélique dont Luc affirme qu'ils ont été pleinement certifiés parmi nous, c'est-à-dire parmi les chrétiens.
    D'excellents exégètes veulent qu'on traduise simplement : événements qui se sont accomplis, attendu que le verbe grec a bien le sens de produire une pleine persuasion, une entière certitude, quand il s'agit de personnes, (Romains 4.21 ; 14.5 ; Colossiens 4.12) mais que ce sens est inadmissible quand il s'agit de choses, comme dans notre verset.
    Mais même en ce dernier cas, le verbe dont il s'agit ne signifie jamais dans le Nouveau Testament simplement accomplir, mais remplir complètement. (2Timothée 4.5,17)
    Et quant aux auteurs classiques, les lexicographes s'accordent à affirmer que notre verbe au passif "se dit aussi des choses dont on est parfaitement sûr." Il en est de même du substantif dérivé de ce verbe (plêrophoria) qui a toujours le sens de pleine persuasion, de complète assurance. (1Thessaloniciens 1.5 ; Colossiens 2.2 ; Hébreux 6.11 ; 10.22)
    Au reste, cette idée s'exprime dans tout ce prologue de Luc, puisqu'il en appelle immédiatement à des "témoins oculaires" (v. 2), et que lui-même écrit afin que celui auquel il s'adresse ait la "certitude" des choses dont il s'agit. Plusieurs exégètes soutiennent la traduction : qui se sont accomplis, parce qu'ils prêtent à Luc la pensée que les faits évangéliques sont l'accomplissement d'un plan préconçu des desseins de Dieu envers notre humanité. Cette idée est vraie, mais étrangère au texte.
  • 1.2 conformément à ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, ont été témoins oculaires et ministres de la parole ; Les mots : conformément à ce que nous ont transmis, peuvent se rapporter à la première partie du verset précédent et exprimer la manière dont ces "plusieurs" ont écrit leurs récits, la source où ils ont puisé ; ou bien à la seconde phrase, c'est-à-dire aux "choses pleinement certifiées."
    Dans le premier cas, Luc attribuerait aux écrits dont il parle l'autorité de la tradition apostolique, ce que plusieurs interprètes (Olshausen) ne veulent pas admettre ; dans le second cas, il indiquerait que c'est par cette autorité même qu'ont été pleinement certifiés les faits de l'histoire évangélique.
    La première construction est plus conforme à la grammaire, la seconde, plus en harmonie avec la pensée. C'est cette pensée même que, sans faire aucune violence au texte, on peut rendre ainsi, avec la plupart des versions : "selon que nous les ont transmis ceux qui, etc."
    - Quoi qu'il en soit, Luc en appelle ainsi dès l'abord au témoignage d'hommes autorisés qui ont transmis à l'Eglise primitive (nous correspond au parmi nous du verset ) tous ces faits de l'histoire évangélique.
    Cette transmission ou tradition apostolique eut lieu d'abord par la parole, c'est-à-dire par la prédication. (Voir l'Introduction aux évangiles.)
    Les hommes qui en furent chargés ont été dès le commencement témoins oculaires et ministres de la parole, c'est-à-dire qu'ils sont apparus dès les premiers jours de l'Eglise revêtus de la double autorité de témoins oculaires et de ministres de la parole.
    Ce sens, qui se légitime, d'après Actes 11.15, est plus conforme au grec qui unit étroitement les deux termes : témoins et ministres. Mais on peut traduire aussi : qui ont été témoins dès l'origine, dès le baptême et les débuts du ministère de Jésus, (Actes 1.21 et suivants) et qui sont devenus plus tard ministres de la parole.
    L'expression : la parole, prise ainsi dans un sens absolu, désigne fréquemment, dans les écrits de Luc, l'Evangile et la prédication de l'Evangile, comprenant à la fois les faits et les doctrines dont il se compose.
  • 1.3 il m'a semblé bon, à moi aussi, qui ai suivi avec exactitude toutes ces choses dès l'origine, de te les écrire dans leur ordre, très excellent Théophile ; Par ces mots du verset 3, Luc en vient à la conclusion de ce qui précède, ou à sa proposition principale.
    En disant : moi aussi, il se met modestement au même rang que les plusieurs du verset 1 ; mais, évidemment, par tout ce qu'il va nous dire de la nature de son travail et du but qu'il espère atteindre, (verset 4) il attribue tacitement à son récit une supériorité que l'Eglise entière a reconnue.
    Il se sert de trois expressions qui indiquent nettement le caractère complet et approfondi son travail.
    Les deux premiers de ces termes se rapportent à l'étude des sources où il a puisé, le troisième à la nature de son exposition.
    1° Il est remonté jusqu'à l'origine des choses. (Grec : depuis en haut.) Il ne s'est pas arrêté au commencement du ministère de Jean-Baptiste et de Jésus-Christ ; il est remonté plus haut, jusqu'aux faits qu'il raconte dans ses deux premiers chapitres.
    2° Partant de cette origine, il a suivi avec exactitude toutes ces choses. Il les a étudiées de près, en a pris connaissance d'une manière complète, recherchant tous les renseignements et ne se contentant pas des faits présentés dans la prédication courante ou recueillis dans les récits mentionnés au verset 1 ; il a embrassé autant que possible tous les faits, et a mis la plus grande exactitude à les examiner pour en constater la vérité historique.
    3° Enfin, il s'est proposé d'exposer ces faits dans leur ordre, comme ils se sont succédé ; l'expression ne se trouve, dans le Nouveau Testament, que chez Luc, qui l'emploie toujours dans le sens de la succession chronologique. (Luc 8.1 ; Actes 3.21 ; 11.4 ; 18.23)
    Luc dédie son livre à un personnage qui, d'après le titre qu'il lui donne : très excellent (comparez Actes 23.26 ; 24.3 ; 26.25) ou très puissant Théophile, occupait une position sociale élevée mais dont on ne sait rien de certain. La seule tradition qui ait quelque vraisemblance fait de Théophile un chrétien riche et puissant de la ville d'Antioche. (Voir le Commentaire de M. Godet sur l'évangile de saint Luc, 3e édit., Introduction, p. 8.)
  • 1.4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. Grec : afin que tu reconnaisses, au sujet des paroles dont tu as été instruit, l'inébranlable certitude.
    Comme le mot paroles signifie fréquemment en grec, selon un hébraïsme bien connu, les choses, plusieurs versions adoptent ici ce sens qui correspondrait à l'idée du verset 1, où pourtant se trouve un autre terme.
    Il est beaucoup plus conforme à la pensée de Luc de conserver ici la signification ordinaire du mot grec : paroles, discours, enseignements.
    Ce terme désigne, non seulement les faits de l'histoire évangélique, mais aussi les vérités religieuses, les doctrines qui en ressortent nécessairement. (Comparer 1Corinthiens 15.1)
    Cette interprétation correspond seule pleinement à ce mot : dont tu as été instruit, qui signifie, d'après l'étymologie, "faire pénétrer un son dans l'oreille," mais qui, selon l'usage constant du Nouveau Testament, suppose un enseignement reçu et non un simple ouï-dire. (Actes 18.25 ; Romains 2.18 ; 1Corinthiens 14.19 ; Galates 6.6)
    Notre mot catéchumène n'est que le participe du même verbe.
    - Ainsi, après ce qu'il vient de dire des sources d'où il a tiré son récit, fondé sur le témoignage apostolique, du soin scrupuleux qu'il a mis à examiner tous les faits, afin de pouvoir les exposer dans leur ordre, Luc est en droit d'espérer que son livre créera chez ses lecteurs la conviction de l'inébranlable certitude de l'Evangile.
  • 1.5 Il y eut, aux jours d'Hérode, roi de Judée, un sacrificateur nommé Zacharie, de la classe d'Abia ; et sa femme était d'entre les filles d'Aaron, et elle s'appelait Elisabeth. 5 à 25 Annonce de la naissance de Jean-Baptiste.
    Il y eut, aux jours de,...tournure hébraïque, fréquente dans l'Ancien Testament. Dès ce verset 5. le style est semé d'aramaïsmes.
    - Hérode, surnommé le Grand. (Voir Matthieu 2.1,note) Le titre de roi de Judée lui avait été décerné par le sénat romain. Son royaume comprenait toute la Palestine.
    On voit que, sur cette date, Luc est en parfait accord avec le premier évangile, qui place la naissance de Jésus sous le règne d'Hérode. Il résulte encore de Matthieu 2.19 que Jésus naquit vers la fin de ce règne. Selon Josèphe, la mort d'Hérode eut lieu au printemps de l'an 750 de Rome.
    Zacharie (ce nom signifie : l'Eternel se souvient) et Elisabeth, sa femme (hébr. Elischéba, serment de Dieu), appartenaient donc l'un et l'autre à la race sacerdotale. Elisabeth avait même hérité du nom de sa première aïeule, la femme d'Aaron. (Exode 6.23)
    Après un silence de quatre siècles, Dieu parle de nouveau, à ce moment décisif de l'histoire. Il ouvre une ère nouvelle de ses révélations, qui désormais ne seront plus interrompues et s'étendront à l'humanité entière. Mais il relie le présent au passé, en choisissant l'organe de ses communications parmi ceux à qui ce rôle était dévolu autrefois.
    Comme au siècle de la réformation il prit dans son couvent un moine de l'ancienne Eglise pour commencer l'œuvre de rénovation, de même il fit naître de la race sacerdotale d'Aaron celui qui devait être le plus grand des prophètes et préparer les voies au Messie issu de la race royale de David.
    Notre récit attache de l'importance à cette généalogie du précurseur, puisqu'il indique que Jean descendait d'Aaron par sa mère aussi bien que par son père.
    - Luc, pour être plus précis encore, remarque que Zacharie appartenait à la classe d'Abia.
    Toute la sacrificature était divisée en vingt-quatre classes (grec éphéméries, services quotidiens), dont les membres devaient fonctionner chaque semaine à tour de rôle. (1Chroniques 24.7-10) Celle d'Abia était la huitième. (1Chroniques 24.10)
  • 1.6 Or ils étaient l'un et l'autre justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur d'une manière irréprochable. La seconde partie de ce verset explique la première.
    Selon les notions de l'Ancien Testament, être juste, c'est conformer sa conduite et sa vie aux prescriptions de la loi de Dieu. (Jean 1.48)
    Le terme devant Dieu (Genèse 7.1) est un hébraïsme qui exprime la réalité de cette justice, car il signifie que Dieu la reconnaît et l'approuve.
    Cette justice, ainsi que le mot irréprochable, n'exclut point le péché, (Philippiens 3.6) et n'est point opposée à la grande doctrine biblique de la justification par la foi. Les Israélites pieux le savaient bien, puisqu'ils recouraient sans cesse aux moyens prescrits par la loi elle-même pour obtenir le pardon de leurs péchés et pour s'en purifier.
    - Calvin et, après lui, Bengel ont fait entre les commandements et les ordonnances du Seigneur cette distinction, que les premiers signifieraient les préceptes de la loi morale, le Décalogue, tandis que les secondes indiqueraient les prescriptions relatives à la loi cérémonielle, au culte, etc.
    Il n'est pas sûr que cette distinction soit fondée, car le mot traduit par ordonnance signifie proprement : ce que Dieu a déclaré juste, ce que Paul appelle le droit de Dieu. (Romains 1.32)
  • 1.7 Et ils n'avaient pas d'enfant, parce qu'Elisabeth était stérile, et qu'ils étaient tous deux avancés en âge. Grec : "avancés dans leurs jours," hébraïsme. (Genèse 18.11)
    Cette expression montre que chacun a ses jours qui lui sont comptés. (Job 14.5 ; Psaumes 90.12) Du reste, cette remarque sur l'âge des deux époux se rapporte surtout à Elisabeth et au long temps où elle avait été sans enfants ; car Zacharie devait, pour être encore en fonctions, avoir moins de cinquante ans. (Nombres 8.25)
  • 1.9 que, selon la coutume de la sacrificature, il lui échut par le sort d'offrir le parfum après être entré dans le temple du Seigneur. Les mots : dans l'ordre de sa classe, désignent le rang où chaque classe de sacrificateurs était en fonction ; (verset 5. note) ce rang restait toujours le même.
    Mais, en outre, la coutume ou l'usage voulait que, entre les sacrificateurs de service, chacune des diverses fonctions fût attribuée par le sort.
    De cette manière rien, dans ces fonctions saintes, n'était livré à l'arbitraire humain, rien ne pouvait provoquer des jalousies entre les sacrificateurs. Il échut donc ce jour-là à Zacharie le privilège d'entrer dans le sanctuaire et d'offrir le parfum.
    Cette offrande avait lieu chaque jour, le matin et le soir, sur un autel spécial situé au fond du sanctuaire, tout près du voile qui fermait le lieu très saint. (Exode 30.1 et suivants) Pendant que le sacrificateur remplissait cette fonction, le peuple attendait dans le parvis extérieur (verset 21) et adressait à Dieu des prières, dont la fumée de l'encens, montant vers le ciel, était le symbole. (Luc 1.10 ; Apocalypse 8.3,4, note.)
  • 1.11 Or un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout au côté droit de l'autel des parfums. C'est avec l'apparition de cet ange que s'ouvre la série des faits surnaturels racontés dans ces premiers récits de Luc. Ceux-là seuls pourraient les trouver étranges qui ne croient pas au "grand mystère de piété," auquel ces faits se rattachent tous, "Dieu manifesté en chair." (1Timothée 3.16)
    "Au moment où la Parole éternelle s'unissait à notre humanité (Jean 1.1,14) devaient se produire ces manifestations du monde des esprits qui ne sont point nécessaires en des temps ordinaires." Olshausen.
    On voit du reste, par ces détails précis, qu'un témoin oculaire seul peut avoir conservés, que l'évangéliste raconte, non une vision, mais un fait réel : l'ange lui apparut, se tenant debout, au côté droit de l'autel.
    - Au coté droit, c'est-à-dire au sud, entre l'autel et le chandelier, à la gauche de Zacharie qui entrait dans le sanctuaire.
  • 1.12 Et Zacharie fut troublé en le voyant, et la crainte le saisit. Bien que l'ange vint annoncer à Zacharie une grâce immense, celui-ci éprouve cette crainte qui saisit l'homme pécheur, chaque fois que quelque manifestation du monde invisible lui donne le sentiment de la présence immédiate de Dieu. (Luc 1.29 ; 2.9 ; Genèse 28.17 ; Esaïe 6.5 ; Apocalypse 1.17)
    Aussi la première parole que Dieu, dans l'Evangile, adresse au pécheur, c'est cette parole de compassion et d'amour : Ne crains point. (verset 13 ; comparez Luc 2.10)
  • 1.13 Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée ; et Elisabeth ta femme t'enfantera un fils et tu l'appelleras du nom de Jean ; Les interprètes se demandent quel était l'objet de cette prière de Zacharie, maintenant exaucée.
    Les uns, d'après le contexte, pensent qu'il avait demandé à Dieu la bénédiction de posséder un fils.
    Les autres objectent qu'il eût été peu digne du sacrificateur en fonctions de songer à un intérêt de famille, qu'il ne pouvait prier que pour l'accomplissement des promesses de Dieu relatives au salut.
    Mais les mots : ta femme Elisabeth t'enfantera un fils, désignent l'exaucement d'une requête personnelle. Toute la question est de savoir quand Zacharie fit à Dieu cette requête.
    versets 7,18 montrent qu'il ne s'attendait plus à avoir des enfants et, par conséquent, que telle n'était pas alors sa prière spéciale ; mais précédemment il avait sans doute souvent demandé au Seigneur cette bénédiction, c'était un vœu qui demeurait d'une manière permanente au fond de son cœur, et qui recevait à cette heure son exaucement. Il est permis de supposer aussi que le pieux sacrificateur, en offrant le parfum, image de la prière, demandait à Dieu d'envoyer enfin "la consolation d'Israël." (Comparer Psaumes 14.7)
    Or, dans ce sens encore, il fut exaucé au delà de sa pensée, puisque Dieu lui annonce la naissance, dans sa famille, du grand prophète dont le ministère devait être l'aurore du jour messianique. Une telle promesse, après la longue stérilité d'Elisabeth, ne devait pas seulement rendre ce fils d'autant plus cher à ses parents, (1Samuel 1.1) mais surtout en le leur présentant comme un don immédiat de Dieu, les presser de le lui consacrer.
    Hébr. Jochanan, Jéhova fait grâce. Beau nom pour celui qui, le premier, annoncera "l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde." Dieu prescrit de même à l'avance, par la bouche de l'ange, le nom de Jésus. (Luc 1.31 ; Matthieu 1.21)
  • 1.14 et il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance ; On comprend cette joie et même cette allégresse pour le cœur du père et de plusieurs en Israël ; mais l'ange dans les paroles qui suivent, élève l'objet de cette joie bien au-dessus des sentiments paternels.
    En effet, il décrit d'abord le caractère de celui dont il annonce la naissance ; (verset 15) puis son action sur son peuple ; (verset 16) enfin, son rapport avec le Sauveur. (verset 17)
  • 1.15 car il sera grand devant le Seigneur ; et il ne boira ni vin ni cervoise, et il sera rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère. Ces mots : devant le Seigneur, indiquent pleinement de quelle grandeur il s'agit ici. (Comparer verset 6, note.) L'homme est en lui-même exactement ce qu'il est aux yeux de Dieu, ni plus, ni moins. Jésus confirma plus tard cette grandeur de son précurseur. (Matthieu 11.9-11)
    Ne boire ni vin, ni cervoise (liqueur fermentée faite de divers fruits, autres que le raisin), était l'une des abstinences que s'imposait le nazir ou naziréen, c'est-à-dire celui qui était séparé, ou mis à part, et consacré au service de Dieu.
    Cette consécration pouvait être temporaire, ou à vie, comme dans le cas de Samson et de Samuel. (Juges 13.2 et suivants ; 1Samuel 1.1,11) On peut lire l'ordonnance relative à cette vocation spéciale dans le livre des Nombres. (Nombres 6.1-21)
    Tel devait être Jean-Baptiste. Comme prophète appartenant encore à l'ancienne alliance, il devait prêcher la repentance, non seulement par ses paroles, mais par la pratique du naziréat, en attendant que ce type, comme tous ceux de la loi, fût aboli par Celui qui, au milieu du monde, vainquit le monde.
    - Cette abstinence aura pour compensation le fait qu'il sera rempli de l'Esprit-Saint ; renonçant à tout excitant charnel, il possédera le stimulant le plus élevé et le plus pur. (Comparer Ephésiens 5.18)
    Il y a dans ce terme : (grec) encore dès le sein de sa mère (c'est-à-dire quand l'enfant sera encore dans le sein), quelque chose de mystérieux dont on ne peut se rendre compte, ni par des restrictions, ni par des spéculations sur la possibilité de l'action de l'Esprit dans un être qui n'a encore ni intelligence ni réceptivité.
    Mais, qui peut tracer la limite au delà de laquelle l'influence de l'Esprit de Dieu ne saurait s'exercer ? (Comparer versets 41-44) Pensée consolante, en tout cas, qui montre ce que des parents pieux peuvent attendre de la miséricorde de Dieu pour les enfants objets de leurs prières !
  • 1.16 Et il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur leur Dieu ; Grec : Il fera retourner, convertira.
    Ce qui suppose que, comme tous les hommes, ils s'étaient détournés de lui par leurs péchés.
  • 1.17 et il marchera devant lui dans l'esprit et dans la puissance d'Elie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. Devant lui ; ce pronom ne peut se rapporter qu'au sujet qui précède, le Seigneur leur Dieu ; ce qui est en harmonie avec Malachie 3.1, où l'Eternel dit : "Voici, j'envoie mon messager, et il préparera la voie devant moi," d'où il résulte que celui qui précède le Messie, précède Jéhova lui-même, qui vient vers son peuple et vers notre humanité en son Fils bien-aimé. (Comparer Jean 12.41 avec Esaïe 6.1 et suivants)
    - C'est encore dans Malachie (Malachie 4.5) que le précurseur est annoncé comme un second Elie. Le peuple à l'époque du Sauveur, se fondant sur cette prophétie, attendait la réapparition du prophète. (Matthieu 17.10 ; Marc 6.15 ; Jean 1.21)
    L'ange dit que le précurseur sera revêtu de l'esprit et de la puissance de ce prophète ; il en aura la force et l'énergie d'action, parce qu'il sera animé du même esprit.
    Grec : "pour convertir les cœurs des pères vers les enfants" (même verbe qu'au verset 16).
    Ces mots font partie d'une pensée ainsi exprimée dans le prophète Malachie : (Malachie 4.6) "et il (Elie) ramènera (ou convertira) le cœur des pères aux fils et le cœur des fils à leurs pères." Ce second membre de la phrase est retranché dans notre citation qui y substitue ces mots : et les rebelles à la sagesse des justes.
    Déjà dans l'explication des paroles du prophète, les interprètes se partagent entre deux opinions : les uns y voient simplement la promesse d'un rapprochement, d'une réconciliation entre les enfants et les pères, divisés par le péché ; d'autres donnent à cette prophétie un sens plus large et plus religieux ; ils entendent par ce mot les pères, les ancêtres, les patriarches, et en général les hommes pieux du peuple d'Israël.
    Les fils sont leurs descendants, qui se sont éloignés de leur piété en s'éloignant de Dieu ; il leur manque le seul vrai lien des cœurs, l'amour de Dieu, en sorte que les pères ont honte de leurs enfants et les enfants de leurs pères ; (Esaïe 29.22,23 ; 63.16) et c'est cet abîme qu'Elie viendra combler.
    La même différence d'interprétation se produit à l'égard de notre verset. L'une et l'autre opinion sont admissibles, mais bien des raisons militent en faveur de la dernière. D'abord, il est difficile de donner, soit au ministère d'Elie, soit à celui de JeanBaptiste, un but et un résultat aussi restreint que celui d'une réconciliation dans les familles.
    Ensuite, après cette action puissante attribuée au précurseur, la conversion de plusieurs en Israël, (verset 16) comment donner au même verbe un sens si différent dans le verset qui suit ? (verset 17)
    Enfin, n'est il pas évident qu'en substituant à ces mots du prophète : "et le cœur des fils à leurs pères," ceux-ci : et les rebelles à la sagesse des justes, l'ange généralise la pensée, et attribue au précurseur une influence beaucoup plus vaste et plus religieuse ?
    Les rebelles ne sont pas ici les fils, mais les incrédules en général, qu'il s'agit de convertir, afin qu'ils aient la sagesse des justes, seule vraie sagesse, puisqu'elle consiste pour l'homme à retrouver l'harmonie avec Dieu.
    Ces derniers mots du discours de l'ange résument très bien le résultat général du ministère de Jean-Baptiste. Lui ne peut que préparer le peuple pour le Seigneur, afin qu'il soit tout disposé à le recevoir. Alors le Seigneur lui-même fera le reste. (Matthieu 3.11,12)
    - On s'est étonné de voir un ange citer l'Ecriture Et pourquoi ? Le diable aussi la cite ; (Matthieu 4.6) mais, du reste, la simple allusion qui se trouve ici aux paroles d'un prophète peut n'être que la forme dont l'évangéliste, ou même le document qu'il cite, a revêtu la pensée de l'ange.
  • 1.18 Et Zacharie dit à l'ange : A quoi connaîtrai-je cela ? Car je suis un vieillard, et ma femme est avancée en âge. Grec : avancée en ses jours. (Voir, sur cet hébraïsme et sur l'âge que pouvait avoir Zacharie, verset 7, note.)
    La question du sacrificateur, toute semblable à celle d'Abraham, (Genèse 15.8) trahit un doute sur l'accomplissement de ce qui lui est annoncé. (verset 20)
    Il demande un signe auquel il puisse en reconnaître la vérité. (Comparer Juges 6.17 ; 2Rois 20.8 ; Esaïe 7.10 et suivants)
  • 1.19 Et l'ange répondant lui dit : Je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu, et j'ai été envoyé pour te parler et pour t'annoncer ces bonnes nouvelles. Ces premières paroles de l'ange sont destinées à affirmer la vérité de sa mission et à relever sa dignité de messager céleste, à laquelle le doute de Zacharie porte atteinte ; elles impliquent un blâme et préparent l'annonce du châtiment. (verset 20)
    Le nom de Gabriel signifie l'homme fort de Dieu ou encore Dieu est ma force.
    Ce nom devait être connu à Zacharie par Daniel 8.16 ; 9.21. S'étonnerait-on de ce qu'un ange porte un nom et un nom hébreu ? (Comparer Daniel 10.13 ; 12.1 ; Apocalypse 12.7)
    Mais Dieu lui-même ne s'appelle-t-il pas Jéhova ? Quand Dieu se révèle aux hommes, il faut bien qu'il emprunte leur langage pour être compris. Et de même que Dieu, en se donnant un nom qui exprime son essence, se fait connaître comme le Dieu personnel, de même le nom d'un ange nous révèle que ces intelligences célestes sont des êtres réels et personnels, et non pas seulement des apparitions momentanées ou des émanations de la divinité, comme on l'a cru faussement.
    - Les mots : qui me tiens devant Dieu, indiquent un ange de l'ordre le plus élevé, dont le privilège est d'assister en sa présence, toujours prêt à exécuter sa volonté (Apocalypse 8.2 ; Matthieu 18.10 ; Hébreux 1.14 ; comparez Luc 2.13, note.)
  • 1.20 Et voici, tu garderas le silence et ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront ; parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps. Grec : te taisant et ne pouvant parler ; ces derniers mots indiquent la cause de ce silence.
    On se demande pourquoi Zacharie est puni du doute momentané qui l'avait porté à demander un signe, tandis que d'autres, dans le même cas, ne le sont pas. (verset 18, note.)
    Cette question a été diversement résolue. Celui qui sonde les cœurs et en connaît les sentiments les plus intimes pourrait seul y répondre. Au reste, le signe donné à Zacharie, un mal physique, qui humilie la nature humaine, après une haute révélation dont elle pourrait s'enorgueillir, n'est pas sans analogies dans l'Ecriture, et renferme un profond enseignement. (Genèse 32.25-31 ; Actes 9.9 ; 2Corinthiens 12.7)
  • 1.21 Et le peuple attendait Zacharie, et ils s'étonnaient de ce qu'il tardait si longtemps dans le temple. verset 10. L'apparition de l'ange et son entretien avec le sacrificateur avaient retenu celui-ci dans le temple beaucoup plus longtemps qu'à l'ordinaire.
  • 1.22 Et étant sorti, il ne pouvait leur parler, et ils reconnurent qu'il avait eu une vision dans le temple, et lui-même le leur faisait entendre par des signes ; et il demeurait muet. Le peuple, voyant que Zacharie ne pouvait pas lui parler, en conclut qu'il lui était arrivé quelque chose d'extraordinaire, et comme c'était dans le sanctuaire, il conclut encore à une vision.
    Lui-même confirma cette pensée par des signes.
  • 1.23 Et il arriva, lorsque les jours de son ministère furent accomplis, qu'il s'en alla en sa maison Grec : les jours de son service dans le culte, c'est-à-dire lorsque sa classe, qui était la huitième, eut achevé sa semaine, et fut relevée par la classe suivante. (Comparer verset 5. seconde note ; versets 8,9, note.)