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Introduction à la Bible
7. Le canon de l'Ancien Testament

Auteur :
Type : Dossier
Thème : La Bible
Source : FEEBF   
Publié sur Lueur le
Sommaire du dossier :
  1. Introduction à la Bible
  2. La Bible, livre de la révélation
  3. La Bible, un livre
  4. La Bible, Parole de Dieu
  5. Coup d'oeil sur l'Ancien Testament (1)
  6. Le canon de l'Ancien Testament
  7. Le Nouveau Testament : les Evangiles
  8. Le Nouveau Testament : les apôtres
  9. Le canon du Nouveau Testament
  10. La transmission de la Bible
  11. La Bible aujourd'hui
  12. Comprendre la Bible
  13. Interprétation de la Bible hier et aujourd'hui

On peut distinguer trois étapes dans la formation de l'Ancien Testament :

1 ) les récits anciens et les proclamations orales des hommes de Dieu qui ont fourni en quelques sorte la " matière première " des livres de l'Ancien Testament,

2) la rédaction de ces livres dans leur forme actuelle,

3) la sélection des livres qui ont été reconnus inspirés et leur rassemblement en un volume.

Cette troisième étape est la " canonisation " des livres de l'Ecriture, c'est-à-dire la formation du canon.

Le mot " canon " signifie " règle à mesurer ". Le canon est la règle qui permet de distinguer les livres inspirés des autres. Les livres qui ont été admis dans l'Ecriture Sainte sont les livres " canoniques ". Ce sont les livres dont l'autorité est reconnue. Cette reconnaissance s'est faite progressivement, tout au long d'une histoire que nous connaissons mal. C'est seulement au premier siècle de l'ère chrétienne que les autorités religieuses du Judaïsme ont éprouvé le besoin de fixer le nombre des livres " qui souillent les mains ", autrement dit dont le caractère sacré est reconnu (voir étude 4 : la Loi et les Prophètes).

En fait, l'autorité et le caractère inspirés des livres de l'Ecriture étaient reconnus bien avant la décision du concile de Jamnia. Ces livres se sont imposés d'eux-mêmes au peuple d'Israël, parce que celui-ci a pris conscience que Dieu lui parlait par ces livres. Le canon est donc aussi la règle de foi et de vie des croyants.

La Loi, les Prophètes et les Ecrits

Nous avons déjà vu que les livres de l'Ancien Testament hébreu sont groupés en trois parties : la Loi (ou Tora), les Prophètes et les Ecrits (kéthubim) (étude 2 et étude 4 ).

A l'époque du Christ, le caractère inspiré de la Loi et des Prophètes était reconnu depuis longtemps, ce qui explique que Jésus et les apôtres emploient souvent l'expression " la Loi et les Prophètes " (Mat. 5 :17). La plupart des Ecrits étaient aussi acceptés comme Ecriture Sainte, surtout les Psaumes, que Jésus et les apôtres citent fréquemment. Dans Luc 24:24, il est question de : " la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes ".

La Loi

Nous avons vu, dès leur origine, les lois promulguées par Moïse étaient revêtues de l'autorité divine. Mais nous ne savons pas quand l'ensemble des livres de la Loi, la Tora en tant que livre, a été reconnue comme Ecriture Sainte sous sa forme actuelle. La première référence au livre de la Loi se trouve dans 2 Rois 22 et 23, au moment où ce livre fut retrouvé dans le Temple, au temps de Josias. Mais cette loi était plus ancienne. Elle ne semble pourtant pas avoir joué un rôle important, en tant que livre, au temps de la conquête, des luges et des premiers Rois.

Après l'exil, l'autorité de la Loi écrite est démontrée par le récit de Néhémie 8. la lecture solennelle de la Loi marque un renouvellement de l'Alliance.

Les Samaritains, qui se sont séparés des Juifs au temps d'Esdras et de Néhémie, ne reconnaissent comme Ecriture inspirée que le Pentateuque, c'est-à-dire la Loi. On a retrouvé à Naplouse un exemplaire du Pentateuque Samaritain, qui ne diffère que par des détails de celui des Juifs. C'est donc qu'au Vè siècle avant Jésus-Christ, l'autorité de la Loi dans sa forme actuelle était reconnue. Signalons aussi le fait que lorsque la Bible fut traduite en grec par les Septante, c'est d'abord la Loi qui fut traduite au IIIè siècle avant Jésus-Christ. Les autres livres n'ont été traduits que plus tard.

Les Prophètes

Les Prophètes ont parlé de la part de Dieu. Cependant, les exemples d'Amos et de Jérémie montrent que l'autorité divine de leur message a parfois été contestée de leur vivant. Ce n'est donc que plus tard qu'ils ont trouvé place parmi les livres inspirés.

Les " premiers prophètes " (nos livres historiques) rapportent des événements qui vont jusqu'à la chute de Jérusalem. Ces livres n'ont donc reçu leur forme définitive que plus tard, sans doute après l'exil. Quant au recueil des livres des Prophètes, il est encore plus tardif. Il y a eu des prophètes jusqu'au Vè siècle. Il est possible que certaines prophéties n'aient pas été écrites et rassemblées tout de suite.

Le premier livre des Macchabées (9:27) montre qu'à cette époque (IIè siècle avant Jésus-Christ), on considérait qu'il n'y avait pas eu de prophètes depuis longtemps. Le recueil définitif des livres prophétiques n'a pu être fait et reconnu comme inspiré qu'un certain temps après le dernier prophète. On ne peut donc accorder de crédit à la tradition juive tardive selon laquelle le canon de l'Ancien Testament fut fixé par les " hommes de la Grande Synagogue ", une assemblée présidée par Esdras.

Les Ecrits

Bien avant que l'ensemble des écrits ne soit fixé, la plupart de ces livres étaient reconnus comme inspirés. Un texte de 2 Macchabées 2 :13 mentionne les " livres de David " à côté de l'histoire des rois et des prophètes. Daniel, les Psaumes, les Proverbes, Job, Esdras et Néhémie étaient lus dans les synagogues avant l'ère chrétienne. Par contre, des doutes subsistaient quant à d'autres livres. Esther, l'Ecclésiaste et le Cantique des cantiques. On ne peut donc pas savoir de façon certaine quels sont les " autres livres " dont parle le traducteur de l'Ecclésiastique (livre apocryphe), à côté de la Loi et des Prophètes, au IIè siècle avant Jésus-Christ.

Les livres apocryphes

Une des raisons du synode de Jamnia était le fait que certains Juifs considéraient comme inspirés d'autres livres que ceux qui ont pris place dans la Bible hébraïque. Ce sont les livres que nous appelons " apocryphes " (mot qui veut dire : " cachés ") et que les Bibles catholiques ont gardés.

Chez les Juifs dispersés dans le monde gréco-romain, et spécialement à Alexandrie en Egypte, un certain nombre de livres religieux ont vu le jour. Ces livres ont été le plus souvent écrits en grec ou traduits de l'hébreu en grec ; en tous cas, nous ne les possédons plus qu'en grec. Ces livres étaient donc surtout lus par des Juifs d'expression grecque hors de la Palestine. En Palestine, par contre, là où on comprenait mieux l'hébreu, les autorités juives faisaient preuve d'une plus grande réticence à reconnaître le caractère inspiré de ces livres ; c'est ce point de vue qui a prévalu à Jamnia. Par contre, ils ont été ajoutés à la Bible grecque des Septante et la plupart des premières communautés chrétiennes les connaissaient.

L'Eglise des premiers siècles n'a pas été unanime dans son attitude à l'égard des apocryphes. Certains théologiens les citent, sans se prononcer sur leur inspiration. D'autres hésitent ; les chrétiens orientaux, qui restent davantage en contact avec les Juifs, les rejettent du canon, mais en recommandent parfois la lecture aux fidèles ; les chrétiens occidentaux les acceptent généralement, avec cependant une exception de marque. Jérôme, le traducteur de la Vulgate (la Bible latine). Dans la préface de sa traduction, il déclare " apocryphes " tous les livres non compris dans le canon juif. A la même époque (fin du IVè siècle), Saint Augustin inclut ces livres dans la Bible. Ce sera la position adoptée par l'Eglise catholique : ces livres font partie des écrits inspirés (on les nomme " deutero-canoniques "). Cette position sera officiellement confirmée au concile de Trente, après la Réforme du XYIè siècle.

Les Réformateurs en effet sont revenus au canon juif, excluant les apocryphes (bien que Luther ait estimé que ces livres étaient utiles à lire, il affirmait que les apocryphes ne pouvaient servir de règle pour la foi et la pratique chrétiennes). Les premières Bibles protestantes imprimaient souvent les apocryphes, mais à part des autres livres. Plus tard, on a simplement cessé de les inclure dans nos Bibles.

Quels sont les arguments qui ont amené les Protestants à la suite de Jérôme, à rejeter les apocryphes :

1 ) Ils ne faisaient pas partie du canon du Judaïsme palestinien, dans lequel Jésus est né et a vécu. Jésus les connaissait sans doute, mais il ne les considérait pas comme Ecriture Sainte.

2) Ces livres ne sont jamais cités dans le Nouveau Testament, ni par Jésus, ni par les apôtres.

3) Leur valeur et leur intérêt pour la foi ne sont pas comparables à ceux des livres canoniques (certains sont cependant d'un plus grand intérêt que les autres).

Coup d'oeil sur les Apocryphes

1 ESDRAS est une révision du livre canonique d'Esdras avec quelques additions.

2 ESDRAS comprend principalement des visions accordées à Esdras, mais en réalité d'origine diverse. C'est son oeuvre apocalyptique.

TOBIE est un récit légendaire, situé à l'époque de la captivité, qui a pour but de montrer aux Juifs que la voie du bonheur, c'est l'obéissance à la Loi.

JUDITH est aussi un récit légendaire, célébrant le courage d'une pieuse veuve juive qui délivre la ville de Béthulie des envahisseurs assyriens, dirigés par Holopherne.

Ces deux livres ont été écrits en Araméen, mais n'existent plus qu'en traductions.

LE COMPLEMENT D'ESTHER : sept chapitres ont été ajoutés au livre d'Esther, soulignant plus clairement la part de Dieu dans la délivrance de son peuple.

LA SAGESSE DE SALOMON : (ou Sapience) a beaucoup de points communs avec les Proverbes. Ce livre appartient à la littérature de la Sagesse. Il a été écrit par un Juif d'Alexandrie pour proclamer le bonheur des justes et la condamnation des impies, ainsi que pour célébrer la Sagesse divine.

L'ECCLESIASTIQUE (appelé aussi le Siracide de son auteur, Jésus, fils de Sirach, qui a écrit vers l'an 200 avant Jésus-Christ. Le livre a été traduit en grec par son petit fils en 132 avant Jésus-Christ). Son thème principal est aussi la sagesse. Il donne de nombreux conseils pour conduire sa vie en toutes sortes de circonstances. Les chapitres 44 à 50 célèbrent les grands hommes de l'Ancien Testament.

BARUC : ce livre, qui contient un psaume, une méditation sur la Sagesse et un discours prophétique est attribué à Baruc, le disciple de Jérémie (certainement à tort). Il est suivi de la Lettre de Jérémie à Baruc, qui est une mise en garde contre l'idolâtrie - bien postérieure à Jérémie.

LE CHANT DES TROIS JEUNES HEBREUX est une addition au livre de Daniel, comprenant la prière d'Abednégo et le chant de délivrance des trois jeunes gens jetés dans la fournaise ardente.

L'HISTOIRE DE SUZANNE est introduite à la suite de Daniel, en l'honneur du prophète qui délivra la jeune femme d'une fausse accusation.

L'HISTOIRE DE BEL ET LE DRAGON qui suit Suzanne, est aussi écrite à la gloire de Daniel.

LA PRIERE DE MANASSE est une confession de péchés, inspirés par 2 Chroniques 33.

LE ler LIVRE DES MACCHABEES raconte l'histoire de la révolte juive, sous la direction de Judas Macehabée contre le roi de Syrie, Antiochus Epiphane (de 175 à 135 avant Jésus-Christ ). C'est un document précieux sur l'histoire juive de cette époque. Le but du livre, écrit vers l'année 100 avant Jésus-Christ, est d'encourager les Juifs à rester fidèles à la Loi.

LE 2è LIVRE DES MACCHABEES raconte les mêmes événements jusqu'en 160, mais en y ajoutant des récits légendaires pour l'édification des lecteurs. Sa valeur historique est bien moindre.

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